Pas de micro-ondes !
Je dois vous confesser une faute lourde. Cet aveu, je ne me fais aucune illusion, va me valoir votre dédain définitif, mais tant pis. On m’a enseigné à ne jamais mentir, et, catholique fervent, je pratique assidûment la confession, conscient que seul ce rite, associé à la contrition, permet la rémission de nos péchés. Par conséquent, soucieux du salut de mon âme, et avec une fermeté d’airain, je vous dis tout : à l’instar de Topaze, qui n’avait pas de secrétaire, je n’ai pas de four à micro-ondes !
Ne hurlez pas au passéisme. Un type comme moi, qui a chez lui quatre aspirateurs (dont un à main) ; deux ordinateurs de bureau ; sept ordinateurs portables (dont : un Macbook, un netbook, deux autres obsolètes, un autre qui ne fonctionne plus) ; deux scanners à plat plus un scanner-stylo ; un piano Yamaha électrique ; un synthétiseur ; trois lecteurs de DVD de salon plus ceux installés sur les ordinateurs ; trois lecteurs de Bluray dont un externe pour ordinateur ; deux tourne-disques pour disques vinyle ; deux téléviseurs plus un troisième, miniature, qui ne peut plus fonctionner depuis que la télé est numérique ; deux postes de radio plus deux radio-réveils ; une demi-douzaine d’appareils-photo et un caméscope ; quatre téléphones mobiles dont un qui est tombé en panne et que je compte donner à un copain qui pense pouvoir le faire réparer ; trois amplis dont un ampli-tuner ; un tuner ; trois ou quatre enregistreurs de type Dictaphone ; et deux poêles à frire plus une plaque à induction... ce type-là ne peut être un passéiste. Ailleurs qu’ici, on dirait plutôt un geek ou un nerd, ce que je ne suis pas non plus.
Seulement voilà, je n’ai pas de four à micro-ondes, et n’en aurai sans doute jamais. En effet, comme ces engins servent essentiellement à réchauffer des plats surgelés, c’est rédhibitoire, puisque je n’achète pas de surgelés. D’une part, ils sont vendus à des prix excessifs ; d’autre part, je me méfie de ce qu’ils contiennent ; enfin, vous avez vu les portions ? On lit couramment, sur les emballages, la mention « Pour quatre personnes », alors que leur contenu me fournirait à peine un repas me laissant sur ma faim.
Le contenu ? J’ai voulu faire l’expérience et j’ai acheté une barquette intitulée Aiguillettes de poulet sauce tomate cuisine, et sous-titrée Polenta crémeuse aux champignons. La polenta, j’adore, quoique je pense qu’elle convient mieux au civet de lapin qu’au poulet, mais passons. La barquette, carton et emballage en plastique compris, pesait 320 grammes. J’ai réchauffé le contenu dans une poêle, et le tout... n’avait aucun goût ! J’ai cru manger le carton. Or voici la description exacte et complète de la recette : crème fraîche liquide (25 %) ; viande de poulet cuite traitée en salaison (21 % : viande de poulet, eau, amidon de manioc, dextrose de manioc, sel, lactose) ; lait demi-écrémé ; tomates pelées concassées (7 % : tomates, jus de tomates, acidifiant [acide citrique]) ; champignons de Paris (6 %) ; semoule de maïs (6 %) ; eau ; tomates ; pholiotes (2 %) ; pleurotes (2 % ) ; oignons ; extrait de poulet (eau, os et viande de poulet) ; huile d’olive vierge extra (1,1 %) ; tomates tamisées (tomate, acidifiant [acide citrique]) ; courgettes, aubergines, échalottes, sel, ail, amidon transformé de manioc ou de riz ou de maïs, sucre, extrait de poivre, basilic, thym. Plus traces éventuelles de : gluten, œufs, fruits à coque, céleri, poisson, crustacés, sésame, soja, moutarde et mollusques. J’aime bien la précision de ces « traces éventuelles », tout de suite, ça fait honnête.
Comme on dit à la radio, bon appétit si vous êtes à table !