Pauline Carton

Publié le par Yves-André Samère

Comme hier il a été question de Pauline Carton (et je plains ceux qui ne la connaissent pas), impossible de résister à cette réplique qu’elle lançait dans L’armoire volante, film de Carlo Rim avec Fernandel, sorti en 1948. À vrai dire, ce film était construit sur un scénario médiocre et laborieux, du type Mais-tout-cela-n’était-qu’un-rêve. Du moins, on pouvait y entendre la chère Pauline dire ceci : « Un ministre qui tient ses promesses, mais c’est un parjure ! ».

Il fallait être voyant et prévoir le gouvernement socialiste actuel !

Au fait, un détail que vous ne connaissez certainement pas, car je l’ai pioché dans l’annuaire – introuvable – des chanteurs, des musiciens et des acteurs de son époque. Pauline Carton, grande amie de Sacha Guitry et qui ne jouait dans ses films que des rôles de concierge et de femme de ménage, vivait dans un hôtel à quatre étoiles (attention, un palace, c’est cinq étoiles, ne confondez pas, et il en existe seize, plus le Cheval Blanc, qui sera construit à l’emplacement de la Samaritaine). C’était l’Hôtel St-James & Albany, où elle habitait toute l’année, au 202 rue de Rivoli, dans le premier arrondissement de Paris, face au Jardin des Tuileries. Chambres et suites à partir de 209 euros la nuit. Si le cœur vous en dit...

Mais une remarque en passant, au sujet de ces acteurs de second plan. C’est devenu un travers du cinéma français depuis la Nouvelle Vague, en 1959, de négliger les seconds rôles, en les réduisant au statut de faire-valoir : un personnage n’est là, quelques secondes, que pour prononcer une phrase, donner un renseignement sur le rôle vedette, ou quelque chose de ce style, avant d’être escamoté. Claude Sautet qui, mystérieusement, bénéficie d’une réputation usurpée, était le grand spécialiste du procédé. Quand on se souvient de ces grands acteurs, comme Pauline Carton justement, ou Paulette Dubosc, Julien Carette et Robert Dalban, qui toute leur vie ont interprété des seconds rôles savoureux, et des centaines de films qu’ils ont interprétés non moins qu’enrichis, on constate, pour en pleurer ou en hurler de rage, l’étendue de la régression.

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

Y
Je sais, Chabrol a été une sorte d’exception. Mais je n’allais pas détailler, ce n’était pas le sujet. En fait, je précisais que ce phénomène s’est accentué DEPUIS la Nouvelle Vague, et je voulais<br /> dire qu’aujourd’hui, on n’emploie plus beaucoup ce type d’acteur. Or je pense que ça manque. Voyez « La règle du jeu » : le film est bourré d’acteurs de second plan, et ne compte<br /> aucune vedette. De nos jours, on ne sait plus faire cela, on a besoin de vedettes « bankables » – horrible mot.
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C
Faut pas généraliser, Chabrol ne négligeait pas ces seconds<br /> et troisièmes couteaux comme Dominique Zardi ,inséparable de Henri Attal<br /> ainsi que Mario David présents tous les 3 dans la plupart des<br /> films de notre bon Claude. Souvent avec des rôles importants<br /> voir Zardi dans "juste avant la nuit"ou M.David dans "la ligne de démarcation " plus intéressant que dans "Oscar"
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Y
C’était seulement son personnage, pas l’actrice. Et à vingt-neuf ans, il ne portait pas encore ses lunettes.
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D
Ben ça alors ! Non, je ne le savais pas. Ginger Rogers aimait donc les grandes lunettes en écaille ?
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Y
Savez-vous que Jacques François, qui a tourné 148 films, a été le rival de Fred Astaire (il plaisait à Ginger Rogers) dans « Entrons dans la danse » ? C’était en 1949.
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D
Oui, les regrettés seconds rôles (dans certains cas on dit savoureusement "premiers seconds rôles") font en partie le ciment d'un film. Et André Pousse, et Marthe Villalonga, et Jacques François...<br /> Tous ceux dont on ne connaît pas forcément le nom, aussi, mais que l'on reconnaît de film en film.
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