Pirater est un devoir religieux
Si vous êtes las de l’Église catholique mais hésitez à devenir athée, je vous conseille d’adhérer à la religion du Kopimism. Elle n’a pas encore atteint notre pays, mais elle est désormais reconnue officiellement par la Suède comme une religion à part entière.
Son nom, d’abord : il vient du logo Kopimi, qui signifie tout simplement « Copie-moi ». Ses adeptes affirment que l’information est sacrée, et que la copie est un rituel religieux ! (C’est fou ce que je me sens religieux, tout à coup). Le mouvement compte un millier de membres, il espère bien se propager dans le pays, et, qui sait ?, dans les autres pays. En tout cas, ils ont déjà gagné la première bataille, puisque la copie numérique est désormais une religion officiellement reconnue par l’État suédois, via l’agence des services administratifs (Kammarkollegiet), et cela, après plusieurs mois d’affrontements avec la bureaucratie locale.
Deux de ses dirigeants, Isak Gerson et Gustav Nipe, ont affirmé que « pour l’Église du Kopimism, l’information est sacrée et la copie est un sacrement. L’information possède une valeur en soi, et celle-ci se multiplie à travers l’acte de la copie. Par conséquent, la copie est un élément central pour l’organisation et ses membres ».
Désormais reconnue officiellement, l’Église du Kopimism pourrait bénéficier du soutien de l’État pour se financer partiellement, et récolter de l’argent sous forme de dons déductibles des impôts. Mais il y a mieux, puisqu’elle pourrait être tentée de financer des projets « pirates » en Suède (je rappelle qu’il existe un Parti Pirate en Suède, fondé par Rick Falkvinge). Et si le partage de fichiers est une religion, il sera plus difficile de poursuivre les pirates, ce serait porter atteinte au droit constitutionnel protégeant la liberté de culte ! J’imagine déjà la défense d’un type qui se ferait poursuivre par l’Hadopi : « Je suis innocent, monsieur le juge, ma religion m’a obligé à pirater le dernier film avec Bruce Willis ! »