Pirates, ne volez plus. Dérobez !
La brillante intelligence des défenseurs de l’Hadopi est de nature à illuminer l’Univers entier. Ainsi, cette déclaration d’un de ses membres qualifié d’« éminent », Jacques Bille, magistrat (mais à la Cour des Comptes, donc ce n’est pas un vrai magistrat) : « Si déjà l’Hadopi fait que les gens abandonnent le téléchargement en P2P qui est plus exposé au profit de solutions plus sûres, ça montre qu’ils sont conscients que c’est contraire à la loi et que ça a des conséquences ».
Résumons pour les cancres qui ont raté le cours précédent : l’Hadopi surveille les échanges entre internautes utilisant le peer-to-peer (P2P en abrégé), c’est-à-dire se servant de logiciels intermédiaires comme eMule ou les téléchargeurs construit sur le procédé torrent. Mais l’Hadopi ne peut pas et n’a aucune possibilité légale de surveiller et encore moins d’empêcher le streaming, procédé d’écoute ou de visionnage direct, ni le téléchargement direct entre le site de stockage illégal et le consommateur, parce que ce procédé est aussi celui qu’emploient les sites légaux pour vendre en ligne leurs produits.
Par conséquent, les vilains pirates qui se sentent menacés délaissent le peer-to-peer et se tournent vers le téléchargement direct. Et c’est de ce changement que se réjouit monsieur Bille, y voyant un effet dissuasif de la commission à laquelle il appartient et dont il est le fleuron le plus intelligent.
Résumons : supposez que l’État fasse passer une loi interdisant aux cambrioleurs d’entrer chez leurs victimes en passant par la fenêtre, et que les cambrioleurs, effrayés, passent désormais par la porte. Ainsi, l’État version Jacques Bille serait fondé à se féliciter du succès de sa nouvelle loi.