Pour ou contre le mariage gay ?
Nul ne m’a demandé mon avis sur la question du mariage autorisé bientôt aux homosexuels (je n’ai aucun doute, et j’avais prédit la chose il y a six ou sept ans). Je vais donc me prévaloir de ce silence assourdissant, comme disent les amateurs de clichés, pour le donner, cet avis.
Même avec un effort d’imagination – j’en manque, je sais –, je ne parviens pas à voir un quelconque inconvénient à cette mesure. Certes, dès l’enfance, je trouvais un peu bizarres les gens qui tenaient à se marier, attendu que cela ne changeait rien à l’existence de leurs contemporains, et assez peu à la leur : la plupart du temps, ils vivaient déjà ensemble, avaient des enfants, une voiture, une maison – bref, des ennuis. Cette cérémonie leur coûtait bien un petit quelque chose, robe de mariée, banquet de mariage, voyage de noce, toutes choses qu’ils auraient pu avoir sans cela, mais enfin, ce n’était pas plus extravagant que l’habitude de porter un kilt chez les Écossais, ou d’embrasser des personnes qu’on rencontre pour la première et dernière fois. Bizarre, oui. Néanmoins, pourquoi interdire cette bizarrerie à des individus qui en ont envie, alors même qu’elle ne nuit à personne ?
Donc, comme pour toute innovation qui ne change fondamentalement rien à la vie collective, le mariage ouvert aux gays, très bien. Quoique une union civile (puisque de toute façon il n’y aura jamais d’union religieuse), telle qu’elle existe au Canada, serait sans doute suffisante.
L’adoption par les couples homosexuels ? Là, c’est sans doute un peu plus délicat. On aurait pu dissocier cette question de celle du mariage proprement dit, car les deux traitent de personnes différentes : deux adultes consentants peuvent bien faire entre eux ce qu’ils veulent, mais lorsque des enfants entrent en jeu, il serait bon de marcher sur des œufs, car eux n’ont rien demandé. Leur imposer deux parents du même sexe parce que ces deux adultes l’ont décidé – mais pas eux –, c’est difficile à justifier sans une robuste contorsion de la dialectique. Que tous les enfants élevés par des homosexuels s’en soient bien trouvé, c’est une généralisation abusive puisque fondée sur une idéologie, et qu’il n’a existé aucune étude sur ce point. Je ne prends pas parti, j’exprime un doute. Un débat long et sérieux s’imposait, où tout le monde aurait pu s’exprimer, voire être entendu. Il semble qu’on ait économisé cette étape. À tort.
Enfin, il y a le « désir d’enfant », qui est un pur fantasme, et que l’État n’a pas la mission de satisfaire, car il a autre chose à faire, et de plus important... On devrait donc restreindre la procréation médicale assistée à des cas extrêmes, et continuer d’interdire formellement toute idée de mère porteuse, système qui est une pure ignominie.
Mais, sur ce dernier point, je suis bien tranquille : Hollande a dit son opposition formelle et définitive, et l’on discerne mal quel parti politique se lancerait là-dedans. Surtout pas le Parti Socialiste, qui est au bord du gouffre électoral et ne va pas risquer ses derniers atouts dans cette affaire scabreuse.