Pour ou contre le mariage gay ?

Publié le par Yves-André Samère

Nul ne m’a demandé mon avis sur la question du mariage autorisé bientôt aux homosexuels (je n’ai aucun doute, et j’avais prédit la chose il y a six ou sept ans). Je vais donc me prévaloir de ce silence assourdissant, comme disent les amateurs de clichés, pour le donner, cet avis.

Même avec un effort d’imagination – j’en manque, je sais –, je ne parviens pas à voir un quelconque inconvénient à cette mesure. Certes, dès l’enfance, je trouvais un peu bizarres les gens qui tenaient à se marier, attendu que cela ne changeait rien à l’existence de leurs contemporains, et assez peu à la leur : la plupart du temps, ils vivaient déjà ensemble, avaient des enfants, une voiture, une maison – bref, des ennuis. Cette cérémonie leur coûtait bien un petit quelque chose, robe de mariée, banquet de mariage, voyage de noce, toutes choses qu’ils auraient pu avoir sans cela, mais enfin, ce n’était pas plus extravagant que l’habitude de porter un kilt chez les Écossais, ou d’embrasser des personnes qu’on rencontre pour la première et dernière fois. Bizarre, oui. Néanmoins, pourquoi interdire cette bizarrerie à des individus qui en ont envie, alors même qu’elle ne nuit à personne ?

Donc, comme pour toute innovation qui ne change fondamentalement rien à la vie collective, le mariage ouvert aux gays, très bien. Quoique une union civile (puisque de toute façon il n’y aura jamais d’union religieuse), telle qu’elle existe au Canada, serait sans doute suffisante.

L’adoption par les couples homosexuels ? Là, c’est sans doute un peu plus délicat. On aurait pu dissocier cette question de celle du mariage proprement dit, car les deux traitent de personnes différentes : deux adultes consentants peuvent bien faire entre eux ce qu’ils veulent, mais lorsque des enfants entrent en jeu, il serait bon de marcher sur des œufs, car eux n’ont rien demandé. Leur imposer deux parents du même sexe parce que ces deux adultes l’ont décidé – mais pas eux –, c’est difficile à justifier sans une robuste contorsion de la dialectique. Que tous les enfants élevés par des homosexuels s’en soient bien trouvé, c’est une généralisation abusive puisque fondée sur une idéologie, et qu’il n’a existé aucune étude sur ce point. Je ne prends pas parti, j’exprime un doute. Un débat long et sérieux s’imposait, où tout le monde aurait pu s’exprimer, voire être entendu. Il semble qu’on ait économisé cette étape. À tort.

Enfin, il y a le « désir d’enfant », qui est un pur fantasme, et que l’État n’a pas la mission de satisfaire, car il a autre chose à faire, et de plus important... On devrait donc restreindre la procréation médicale assistée à des cas extrêmes, et continuer d’interdire formellement toute idée de mère porteuse, système qui est une pure ignominie.

Mais, sur ce dernier point, je suis bien tranquille : Hollande a dit son opposition formelle et définitive, et l’on discerne mal quel parti politique se lancerait là-dedans. Surtout pas le Parti Socialiste, qui est au bord du gouffre électoral et ne va pas risquer ses derniers atouts dans cette affaire scabreuse.

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

Y
Merci pour cette appréciation.<br /> <br /> Cela dit, on n’« impose » pas vraiment aux enfants deux parents de sexe opposés, la chose se produit toute seule, parce qu’il n’y a pas moyen de faire autrement. Les parents de même sexe<br /> ne sont parents que par convention, quand la loi est votée – si elle l’est, or elle ne l’est pas partout. Si oui, la parenté est alors décrétée, c’est assez différent (je me suis retenu à quatre<br /> pour ne pas écrire le mot NATURE, parce que je n’en pense pas seulement du bien, de la nature ! Je l’ai déjà mentionné).<br /> <br /> Le pari sur l’avenir et l’excellence des parents homosexuels n’offre aucune certitude, ni dans un sens, ni dans l’autre.<br /> <br /> Mais je rappelle que je n’ai aucune idée préconçue sur la question. J’ai seulement évoqué une difficulté légale, et je suis témoin qu’il y a des parents hétéros absolument exécrables !
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T
On "impose" bien aux enfants deux parents de sexe opposé... Sinon, ne voyant pas pourquoi les homos seraient meilleurs ou pires que les hétéros, je suis convaincu que si l'adoption par des couples<br /> de même sexe se développe, on aura à peu près la même proportion de parents aimants, compétents et efficaces et de parents négligents, incompétents voire franchement dangereux dans les deux<br /> camps.<br /> <br /> J'aime beaucoup votre blog, soit-dit en passant.
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D
J'ai cinq enfants je veux bien en donner trois.<br /> Ils sont très beaux, très intelligents et ont une éducation d'enfer: bonjour madame, merci, pas de gros mots devant un adulte etc...<br /> Problème: ils mangent énormément, changent de pointure de chaussures toutes les 4 minutes et ont tendance à plonger dans une piscine avec le téléphone dans le maillot de bain.<br /> Bon. Ce n'est pas une affaire en or je l'ai bien compris. Je les garderai donc en attendant de les marier.<br /> Je me demande bien ce qui motive autant les gens qui iraient jusqu'à ressusciter l'esclavage pour en avoir un à eux.<br /> De toutes façons, rien ne les empêchera de les oublier à la sortie de l'école ou d'être très tentés de les jeter par la fenêtre dès l'approche d'une puberté flamboyante. Comme tous les parents et<br /> contrairement à l'image bisounoursesque qu'on veut nous imposer.
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Y
Comme, en gros, c’est ce que j’ai écrit, je suis forcément d’accord.
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D
Le mariage pour moi sert à, administrativement, lier deux personnes qui vivent ensemble. Pour leur durée d'union, dans l'idéal toute la vie. Donc : les biens, les salaires, les retraites, les<br /> impôts, etc. Avec cette union officielle les biens sont communs, les partenaires sont préservés mutuellement en cas de séparation ou de décès.<br /> Pour les enfants... aucune idée. En effet ce débat aurait dû être désolidarisé du mariage en lui-même, mais dans les mentalités, qui dit mariage dit enfant.<br /> Le désir d'enfant ? Alors là, si on ne peut pas en avoir, stérilité ou homosexualité, il y a d'autres centres d'intérêt... Ne pouvant en avoir, cela ne m'a pas plus traumatisée que cela. En fait,<br /> quand mes probabilités d'enfanter étaient aussi minces que la retraite des vieux, j'ai admis cela comme d'avoir les yeux marron.<br /> La procréation médicalement assistée à mon avis devrait être encadrée psychologiquement aussi, pour bien établir ce qu'est ce désir d'enfant, souvent plus porté par l'entourage que par les futurs<br /> parents. Et intervenir seulement quand ce "désir" est sain. Encore faudrait-il que les psychologues soient à la hauteur.<br /> La gestation pour autrui : une abomination. Je ne comprends pas pourquoi les féministes sont muettes sur le sujet. Bordel, c'est louer un corps. Quand on pense que certaines actrices américaines<br /> ont recouru à ce procédé pour ne pas altérer leur silhouette, on se demande bien ce que pourra devenir leur relation avec leur enfant, étant si préoccupées d'elles-mêmes.<br /> Ben voilà, vous n'auriez pas dû aborder ce sujet, je m'étale ! Mais on a tellement entendu tout et son contraire, que cela fait du bien de lire quelque chose de sensé.
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