Pourquoi chanter en anglais ?

Publié le par Yves-André Samère

Très casse-pieds et tout à fait ridicules, ces chanteurs français qui chantent en anglais. Ou CROIENT chanter en anglais, puisque ces semi-décérébrés sont amateurs de jargon dans une langue qu’ils sont loin d’avoir assimilée !

Disons-le sans tourner autour du pot : l’anglais, qu’on croit facile parce que tout le monde le parle (sic), ne l’est pas. Et ce n’est pas parce qu’on sème ses discours d’expressions grotesques, telles avoir trop la loose (deux fautes en quatre mots, une en français, une en anglais, pour ne pas faire de jaloux), que les djeunz parlent anglais. En réalité, à peine capables de retenir cent ou deux cents mots dont beaucoup à contresens (la « loose », tiens, justement, un mot... qui n’existe pas), ne connaissent pas grand-chose à la langue de Shakespeare ou Dickens. Même Agatha Christie, c’est trop difficile pour ces malheureux, et je sais de quoi je parle, je possède en anglais l’intégrale de ses romans et j’ai traduit une de ses pièces.

Le véritable anglais, celui datant d’avant la mode des voyages internationaux ayant popularisé le pidgin vaguement anglo-saxon, est une belle langue, très musicale (quoique ce n’est pas la seule), possédant des caractéristiques qu’on n’acquiert pas en baragouinant avec des « potes » rencontrés dans un aéroport, comme cela se pratique depuis la mondialisation sauvage post-soixante-huitarde. Et faute de les avoir acquises, ces caractéristiques, on en est réduit à des conversations rudimentaires, telles que pourraient en avoir des enfants de dix ans – c’est un phénomène bien connu. Notez qu’il en est de même dans tous les pays dont le niveau de vie équivaut au nôtre, et c’est pourquoi je parlais de « mondialisation sauvage ».

Apprendre l’anglais, le vrai, c’est long, pas facile, et on ne le parle pas « bien » si on n’a pas un niveau suffisant – la licence, disons. Par conséquent, faire du rap ou du hip-hop ou tout autre infra-musique, ce n’est pas tout à fait l’apprentissage requis. Tout ce qu’on acquiert ainsi, c’est ce jargon appelé « globish » (global English, en clair), celui qui sert essentiellement à se procurer en pays étranger de quoi survivre. Et ce n’est pas parce que vous qualifierez de pitch le vague résumé d’un film, comme tous les pseudo-spécialistes de la culture font à la télé, que vous saurez tenir une discussion qui tienne un peu la route, ou même vraiment communiquer.

En bref, chanter en anglais, c’est la solution... quand on n’a rien à dire !

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