Pourquoi j’écris
Pourquoi j’écris quotidiennement ? Si j’étais poseur, comme beaucoup, je dirais « Parce que je ne peux pas faire autrement ». Mais ce serait mentir, et j’ai horreur du mensonge. Alors, outre que ça m’amuse, j’ai deux motivations : donner des renseignements à ceux qui me lisent, et si possible les faire sourire, car je refuse de prendre la vie au tragique, notre époque s’en charge toute seule.
Ce que je ne fais pas et ne ferai jamais, c’est tomber dans la psychologie ou la psychanalyse. Lorsque je rédige la critique d’un film, entre cinq et sept fois par semaine, jamais je ne suis tenté de fouiller dans le cerveau – je n’ose pas écrire « l’âme » – de son auteur, et d’expliquer pourquoi il a fait le film ; du genre « Mon père me battait quand il était saoul » ou « J’avais envie de coucher avec ma mère mais elle ne voulait pas avant ma majorité ». Je n’exagère pas, il existe une réalisatrice française dont le premier film racontait en détail comment son père la battait, elle s’appelle Maïwenn Le Besco, et elle ne signe que de son prénom, c’est tellement plus chic – pour l’autre option à caractère familial, je manque d’informations.
Ce genre de baratin pseudo-psy traîne partout, et je n’ai pour cela ni le goût ni les compétences nécessaires au maniement du jargon. La psychologie n’a jamais été une science, c’était à l’origine une simple branche de la philosophie, mais pas rentable, aussi lui a-t-on fait grimper quelques marches. Quant à la psychanalyse, c’est le terrain de jeu des bouffons (voyez Gérard Miller), ou des escrocs (Freud, et je vous dirai pourquoi un autre jour dans la section Déboulonnons ; en outre, la loi ne vous empêche pas de mettre sur votre porte une plaque de cuivre affirmant que vous êtes psychanalyste, aucun diplôme n’est requis), ou, dans le cas le plus bénin, des gens qui se trompent souvent et disent n’importe quoi – et je n’exclus pas de la coterie ces icônes qu’étaient Françoise Dolto ou Bruno Bettelheim.
Par conséquent, ici, pas de tromperie sur la marchandise, on joue franc-jeu.