Presse pudique ? Mon œil !
On lit souvent que la presse française est si exquise que jamais, avant 1994, elle n’a évoqué l’existence de Mazarine, la fille cachée (à nos frais) de Mitterrand. Naturellement, c’est ladite presse qui le prétend ! Ce qui relativise la thèse...
Or c’est inexact. On sait que l’écrivain-journaliste-escroc Jean-Édern Hallier, qui haïssait Mitterand parce que celui-ci lui avait fait miroiter la perspective d’un ministère (celui de la Culture) et ne le lui avait jamais attribué, avait écrit en 1984 un texte vengeur dénonçant la dissimulation de sa fille par le président, et avait fait le tour des rédactions pour le faire publier. En vain, dit la version pieusement favorable aux journaux français. Or il s’est trouvé un journal pour publier à l’époque cette information, c’était « Le Crapouillot », magazine naguère libertaire, et qui était passé à l’extrême droite sous De Gaulle.
La révélation publique fut le fait de Philippe Alexandre, alors journaliste célèbre, qui écrivit en 1994 : « En vérité, le président dispose de la presse la plus docile, révérencieuse, disciplinée jusqu’au mutisme qui puisse se trouver dans le monde, dès lors que la “Pravda” n’est plus la “Pravda”. […] Dans quel pays le chef de l’État peut-il être doté d’une famille morganatique, sans se cacher, mais sans que l’opinion publique en soit avertie ? ». C’était dans son Plaidoyer impossible pour un vieux président abandonné par les siens (sic).