Prévision, prédiction...

Tout individu possédant une once de raison devrait savoir distinguer une prévision d’une prédiction. Donc, pour ceux qui n’étaient pas là, un petit rappel de la différence entre prévoir et prédire.

Une prévision météorologique, par exemple, s’appuie sur les lois connues de ce qui provoque le temps qu’il fait, d’une part, et, d’autre part, sur les observations et autres relevés chiffrés qu’on opère en permanence en de nombreux points du globe. Plus ces points sont nombreux, y compris en altitude grâce à des ballons-sondes, plus les calculs qu’on fera effectuer par de puissants ordinateurs seront précis, et leurs résultats, fiables. Aucune magie dans tout cela : uniquement des déductions à partir de ce que l’on SAIT. Mais même sans ordinateur et ballon-sonde, les vieux paysans, par exemple, sont capables, par leur seule observation du ciel et en s’appuyant sur leur expérience, de prévoir que l’orage menace et qu’il est temps de rentrer les poules.

La prédiction, c’est une autre paire de manches : les charlatans qui en ont fait leur métier se fondent, non sur des observations et des calculs, mais sur des traditions nébuleuses, établies par d’autres charlatans depuis des siècles, et construites sur des déductions fausses, du genre « le passage du Soleil dans la constellation d’Ophiucus lors de la naissance de votre enfant fera de lui un peintre de génie » (j’exagère exprès, les astrologues ne connaissent pas la constellation d’Ophiucus, la treizième que traverse l’écliptique, et dont ils n’ont jamais tenu compte, en dépit de sa taille gigantesque, que les ânes qui font ce métier n’ont pas encore remarquée). Ces prédictions sont toujours démenties ensuite par les faits, mais cela n’empêche pas les grands journaux scientifiques comme « Télé-7-Jours », « Elle », « Le Parisien », « Marie-Claire », « Cosmopolitan » ou « Madame Figaro », de continuer à publier des horoscopes.

(Au fait, pourquoi une majorité de journaux féminins dans le lot ? On continue donc de considérer les femmes comme des êtres sous-développés mentalement ?)

Histoire de rire sainement, je rappelle que vers 1990, Élizabeth Teissier avait prédit pour 1995 au plus tard la mise au point d’un vaccin contre le sida. Bien avant, Jean-Charles de Fontbrune, lui, s’appuyant sur une prédiction de Nostradamus, avait prédit l’assassinat de Jean-Paul II au cours de sa visite à Lyon, devant se produire juste après l’élection en 1981 de Mitterrand à la présidence de la République (rappelons que ce pape a survécu à Mitterrand pendant neuf ans).

Pourquoi je vous parle de cela ? Parce que je compte faire, dans un prochain article, un rapprochement entre deux domaines que la presse ne semble jamais avoir fait : les analyses graphiques de la Bourse, et les prédictions catastrophistes à propos du climat et du prétendu réchauffement généralisé de l’atmosphère terrestre. C’est assez marrant à constater.