Que vendre aux Libyens ?

Publié le par Yves-André Samère

Lorsque la salle Richelieu de la Comédie-Française a dû être fermée pour plusieurs mois afin d’y faire des travaux, on a édifié une salle destinée à la remplacer provisoirement. Ce fut le Théâtre éphémère, 750 places, bonne acoustique, construit en bois dans la cour du Palais-Royal, sous les fenêtres du ministère de la Culture. On dit que c’était une très belle construction, mais je n’ai pas vu l’intérieur, même si j’ai pris une demi-douzaine de photos de l’extérieur. À une heure pas très favorable, et je le regrette. Vous pouvez en voir une ICI, que j’ai sélectionnée car on y voit aussi les colonnes de Buren, dont je vous dis un mot plus loin.

Toujours est-il que la salle Richelieu a rouvert en mars dernier, et que le Théâtre éphémère ne sert plus à rien, aussi a-t-on cherché à le céder à un éventuel acheteur. Après tout, il avait coûté quatre milllions d’euros. On a donc pu le revendre... à la Libye, pour beaucoup moins cher évidemment (on parle d’un million et demi), contrat signé à Tripoli le 18 décembre, d’après « Le Canard enchaîné ».

Or celui qui se réjouit le plus de cette vente, ce n’est pas le contribuable, mais... Daniel Buren, ce prétendu sculpteur auquel un ministre inconscient (Jack Lang, bien entendu, vous aviez deviné) avait commandé en 1986 une œuvre susceptible de décorer la cour du Palais-Royal sur laquelle donnait son bureau ministériel. Buren y construisit donc une série de colonnes de longueurs inégales, quoique absolument semblables par ailleurs, rayées verticalement de blanc et de noir, et qu’il baptisa Les deux plateaux – une dénomination qu’un public obtus s’obstine à ignorer, parlant exclusivement des « colonnes de Buren ». L’œuvre a provoqué un tollé général, on en critique la platitude d’inspiration, la laideur agressive, et, il fallait s’y attendre, le fait évident qu’elle ne s’harmonise pas avec le style classique de l’ensemble, lequel date de Richelieu – donc d’une époque où l’on avait un peu plus de goût, mais pas celui de la provocation débile.

Bref, Buren déplorait que le Théâtre éphémère, « construction [...] pas esthétiquement très heureuse », de « hauteur mal proportionnée » et qui « cass[ait] toute l’harmonie de l’architecture environnante », nuisait à la vision de son chef-d’œuvre. Il peut être satisfait, à présent, les foules vont se précipiter pour redécouvrir les célèbres colonnes !

Amateurs de tags et de graffitis, à vous de jouer !

(Détail : Buren fonctionne selon un dogme qu’il a inventé, imposant que toutes ses œuvres soient composées de bandes verticales noires et blanches de 87 millimètres de large, peut-être la taille d’un organe auquel il tient beaucoup – mais non, je parle de son encéphale, qu’allez-vous chercher ? Un artiste qui travaille selon un dogme, il fallait que cela fût inventé. Ah, ces ploucs de Phidias, Michel-Ange, Praxitèle, Rodin, Jean Goujon et autres béotiens, qui préféraient que leurs sculptures soient belles)

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Y
Si vous me poussez à dénigrer les génies, je vais bientôt me mettre à taper sur Picasso, Cocteau, Chagall, Bernard Buffet, Basquiat, Scorsese, Tarantino, Lars (von) Trier, Almodóvar, Bergman, voire<br /> Marc Lévy. De quoi saper ma réputation dans mon immeuble.
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D
Je crois, il me semble, que ces rayures sont les dimensions des rayures des anciens matelas... où va donc se nicher le génie.
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