Quelle filiation ?

Publié le par Yves-André Samère

Cet après-midi, manifestation des opposants au mariage homosexuel. Comme on leur a interdit les Champs-Élysées, ils ont choisi l’avenue de la Grande-Armée, qui en est le prolongement, de l’autre côté de l’Arc-de-Triomphe. Cette fois, les protestataires ne cherchent plus à influencer l’Assemblée nationale, puisqu’elle a voté le projet de loi. Ils visent le Sénat, où les socialistes ont également la majorité, mais qui est susceptible d’opérer une réflexion plus approfondie que ces galopins de députés.

Il s’avère en réalité que lesdits députés sont passés un peu vite sur un aspect tout à fait essentiel, celui de l’adoption, ce qui pourrait bien rendre la loi inconstitutionnelle. En effet, le gouvernement désirait que les couples de même sexe qui se marieront puissent recourir à l’adoption plénière, mais cette adoption plénière n’est pas correctement définie dans le texte adopté par l’Assemblée nationale !

Ces notions sont un peu complexes pour un type comme moi, qui ne sais pas tout (si-si ! Et la liste complète des choses que j’ignore figure en entier au dos d’un ticket de métro périmé que je porte toujours dans l’étui de mon téléphone mobile), mais essayons d’expliquer ce que je ne comprends pas : en gros, on distingue l’adoption simple et l’adoption plénière. Avec l’adoption simple, un enfant peut avoir un père (respectivement, une mère) biologique et un père (respectivement, une mère) d’adoption. Alors que, dans l’adoption plénière par un couple homosexuel, on a omis de préciser ce qu’il advient des parents biologiques. C’est ballot, car il semble y avoir un trou dans la loi votée à l’Assemblée : en clair, les défenseurs d’une filiation voulue l’emporteraient sur les défenseurs de la filiation biologique. De quoi faire rejeter la loi par le Conseil constitutionnel, et ridiculiser à la fois le gouvernement, qui n’a pas besoin de ça, et l’Assemblée, qui a l’habitude depuis De Gaulle et ses « godillots ».

Cette perspective fait frémir Hollande, ses boys, et surtout la ministresse de la Justice, qui tenaient tant à faire débattre de cette loi de toute urgence (alors qu’elle concerne un très petit nombre de citoyens), histoire de servir d’écran de fumée masquant les questions plus importantes mais réputées insolubles, comme l’augmentation du chômage, la ruine financière du pays, la délinquance ou le terrorisme, qui montent en flèche.

Il a vite appris les ficelles de la communication, Hollande...

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

D
La "gestation pour autrui ?" Une infamie. Dégradant pour tout le monde.
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Y
Je l’ai toujours soutenu : une union, qu’on parle de PACS ou de mariage, aucun inconvénient. Mais le « désir d’enfant » est une idiotie, et la procréation pour autrui, une<br /> infamie.<br /> <br /> C’est hors sujet, je sais, mais le rôle d’un gouvernement n’est pas de satisfaire les caprices et fantasmes de gens qui veulent jouer à la poupée en grandeur nature. On trouve suffisamment de<br /> candidats à l’adoption, mariés ou pas, pour recueillir les enfants sans famille, et qui, EUX, ont réellement besoin d’être adoptés. Mais en « fabriquer » d’autres en louant un ventre,<br /> c’est une ignominie, bien digne du pays où la loi le permet.
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D
Bien sûr, c'est l'histoire de l'encre de seiche.<br /> Mais il nous est arrivé un truc. Une vieille dame est tombée hier en panne de voiture, au milieu de la rue. Pour faire bref, on a garé la voiture, on l'a ramenée chez elle. Elle m'a raconté qu'elle<br /> allait voir son amie qui était dans une pension médicalisée, maladie d'Alzheimer. Elles se connaissent depuis 50 ans, et vivaient ensemble. Que va-t-il se passer ? Tutelle à quel titre ? Les<br /> héritiers, que vont-ils faire (neveux, ou autres, elles sont célibataires sans enfants). La vieille dame n'a aucune légitimité pour gérer tout cela.<br /> Elle est tellement fragile, et désorientée par la perte physique de son amie. Alors, un statut juridique identique au mariage hétéro, oui. Le pacs est-il suffisant ?<br /> Cependant cela concerne si peu de gens, tout le monde monte cette histoire en mayonnaise, et cela devient parfaitement ridicule.
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Y
Il n’est pas anormal que la loi donne beaucoup de droits aux parents biologiques, mais la question est ailleurs : si le gouvernement français veut donner les mêmes droits aux adoptants, qu’il<br /> rédige au moins un texte clair !<br /> <br /> Avec la loi telle qu’elle a été votée à l’Assemblée, on fournit au Sénat une occasion d’amendement. Si le Sénat amende, la loi retourne à l’Assemblée, qui la vote comme elle l’entend. Mais alors,<br /> c’est le Conseil constitutionnel qui peut mettre à la poubelle l’article mal rédigé.<br /> <br /> Ce que j’ai voulu dire, c’est qu’il n’y avait pas urgence de s’occuper de cette question. Donner la priorité à la loi sur le mariage n’a servi qu’à faire croire au bon peuple, et sans trop<br /> d’efforts, que les socialistes tenaient leur promesse électorale. Or elle risque bien d’être la seule. Si bien qu’on a eu ici une opération de com’ sur une grande échelle.
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D
Surtout que la loi française privilégie les parents biologiques, ce qui quelquefois donne lieu à des situations assez compliquées. Mais c'est l'essence même du Code Civil et de la responsabilité<br /> des liens biologiques.<br /> En gros, quand on fait un enfant, on en a la responsabilité jusqu'à sa majorité, sans oublier qu'après, les enfants peuvent être sollicités pour venir en aide à leurs parents dans le besoin.<br /> Depuis, beaucoup de choses on évolué, de la fécondation à l'éducation, la loi doit-elle être plus souple ? Cela reviendrait à bouleverser un des piliers du Code Civil.<br /> Bon courage.
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