Quelle filiation ?
Cet après-midi, manifestation des opposants au mariage homosexuel. Comme on leur a interdit les Champs-Élysées, ils ont choisi l’avenue de la Grande-Armée, qui en est le prolongement, de l’autre côté de l’Arc-de-Triomphe. Cette fois, les protestataires ne cherchent plus à influencer l’Assemblée nationale, puisqu’elle a voté le projet de loi. Ils visent le Sénat, où les socialistes ont également la majorité, mais qui est susceptible d’opérer une réflexion plus approfondie que ces galopins de députés.
Il s’avère en réalité que lesdits députés sont passés un peu vite sur un aspect tout à fait essentiel, celui de l’adoption, ce qui pourrait bien rendre la loi inconstitutionnelle. En effet, le gouvernement désirait que les couples de même sexe qui se marieront puissent recourir à l’adoption plénière, mais cette adoption plénière n’est pas correctement définie dans le texte adopté par l’Assemblée nationale !
Ces notions sont un peu complexes pour un type comme moi, qui ne sais pas tout (si-si ! Et la liste complète des choses que j’ignore figure en entier au dos d’un ticket de métro périmé que je porte toujours dans l’étui de mon téléphone mobile), mais essayons d’expliquer ce que je ne comprends pas : en gros, on distingue l’adoption simple et l’adoption plénière. Avec l’adoption simple, un enfant peut avoir un père (respectivement, une mère) biologique et un père (respectivement, une mère) d’adoption. Alors que, dans l’adoption plénière par un couple homosexuel, on a omis de préciser ce qu’il advient des parents biologiques. C’est ballot, car il semble y avoir un trou dans la loi votée à l’Assemblée : en clair, les défenseurs d’une filiation voulue l’emporteraient sur les défenseurs de la filiation biologique. De quoi faire rejeter la loi par le Conseil constitutionnel, et ridiculiser à la fois le gouvernement, qui n’a pas besoin de ça, et l’Assemblée, qui a l’habitude depuis De Gaulle et ses « godillots ».
Cette perspective fait frémir Hollande, ses boys, et surtout la ministresse de la Justice, qui tenaient tant à faire débattre de cette loi de toute urgence (alors qu’elle concerne un très petit nombre de citoyens), histoire de servir d’écran de fumée masquant les questions plus importantes mais réputées insolubles, comme l’augmentation du chômage, la ruine financière du pays, la délinquance ou le terrorisme, qui montent en flèche.
Il a vite appris les ficelles de la communication, Hollande...