Question de question
On sait que, traditionnellement, les journaux de droite se soucient de la langue française, et publient articles ou rubriques sur le sujet, tandis que les journaux de gauche s’en foutent (il n’y a qu’à voir comment est rédigé « Libération », par exemple…). Cela dit, ne me faites pas dire que je suis de droite sous prétexte que moi, je m’en soucie de temps en temps.
Or je viens de tomber par hasard sur une page d’un journal de droite, « Valeurs actuelles », qui m’a bien fait rire. Cela date du 12 avril de cette année, peu après l’affaire Merah, et ce canard consacrait cette page au courrier des lecteurs, dont on sait combien ils sont modérés dans leurs réactions !
C’est ainsi qu’un lecteur (ou une lectrice) qui dit avoir 52 ans proteste contre la couverture de ce journal, deux semaines plus tôt. Cette couverture affichait un gros titre ainsi rédigé : « Comment on fabrique un terroriste ». Et donc, ce lecteur (ou cette lectrice) se disait perturbé(e) par la syntaxe, et clamait qu’il aurait fallu écrire « Comment fabrique-t-on un terroriste ? ». Le journal, sans sourciller (un journal sourcille rarement) ni rectifier, a publié cette ineptie.
J’en conclus que, même à droite, on a oublié la différence entre une question directe, comportant l’inversion du verbe et du sujet, et qui doit obligatoirement se terminer par un point d’interrogation (la suggestion du ou de la protestataire), et cette forme d’affirmation qui n’est pas une question mais une sorte de mode d’emploi, du genre « Comment faire pour monter une mayonnaise », qui ne nécessite aucune inversion et aucun point d’interrogation. Ce qu’était le titre qui a tant perturbé le lecteur (ou la lectrice – admirez combien je respecte les quotas). La lettre du lecteur (ou de la lectrice) aurait ainsi dû finir à la corbeille à papier.
Même à droite, tout fout le camp. Je vais demander au « Figaro » de faire une campagne, il n’a plus aucun thème qui marche, actuellement.