Qui augmente les impôts ?
Depuis dimanche et les résultats du premier tour des élections, j’ai entendu quelques caciques du parti au pouvoir, qui ont tous exploité les arguments que leurs conseillers en communication leur ont fourni pour tenter de faire croire que leur victoire n’était pas compromise.
Ce qui revient le plus souvent, c’est le très inattendu « Les socialistes vont augmenter les impôts ». Un truc qui marche très bien aux États-Unis, où la baisse des impôts est le cheval de bataille des présidents de droite – à supposer qu’il y ait des candidats de gauche là-bas. Certes, certes, on trouve en province des élus locaux qui ont fait valser l’anse du panier. Par exemple à Saint-Lô, chef-lieu du département de la Manche, où le conseil général n’a pas craint de se faire bâtir, à l’extérieur de la ville, un palais auprès duquel Versailles ressemble à une guérite, alors que la ville comptait quelque 22 000 habitants seulement à l’époque de cette édification, qu’elle en compte sans doute moins aujourd’hui depuis la fermeture des casernes, et que le département tout entier, privé d’industrie, n’a guère de ressources.
Mais enfin, si les impôts locaux augmentent, la folie des grandeurs des élus n’est pas la seule raison. En transférant aux collectivités locales les obligations qui incombaient autrefois à l’État (par exemple la construction et l’entretien des lycées) – mais pas les crédits qui permettraient de les remplir, ces obligations –, l’administration centrale a contraint lesdits élus locaux à dénicher l’argent là où il se trouve : dans la poche de leurs administrés. Le leur reprocher ensuite est assez pittoresque. On croirait relire l’histoire d’un assassin de ses parents, qui implore les juges : « Ayez pitié d’un pauvre orphelin » !