Qui brimer ? Actionnaires, ou patrons ?

Publié le par Yves-André Samère

Il y a quelques jours, j’ai critiqué les excités qui se scandalisent que les entreprises cotées en Bourse versent des dividendes à leurs actionnaires. Je n’y reviens pas. Je remarque néanmoins qu’on préfère s’en prendre aux actionnaires plutôt qu’aux patrons de ces firmes, en oubliant deux détails : d’abord, il y a de petits actionnaires, ce sont même eux, souvent, qui détiennent la majorité des actions de la même compagnie, or ils sont anonymes, donc on ne risque rien à leur taper dessus pour se faire valoir ; ensuite, que, par un curieux hasard, JAMAIS le parti au pouvoir ne s’en prend aux PDG des grosses firmes, à moins qu’un scandale trop voyant en vienne à les éclabousser – mais l’attaque reste généralement verbale.

Alors, intéressons-nous un moment aux PDG des quarante firmes du CAC 40. Chacun sait que la Bourse est florissante, en ce moment, c’est-à-dire que le cours de beaucoup d’actions (leur valeur) a augmenté, le record étant tenu par AXA, dont l’action a crû de... 51 % en un an ! Il ne vous étonnera pas que les présidents respectifs de ces grosses boîtes ont aussi augmenté leur propre salaire, ce qui est aisé, puisque ce sont eux qui prennent la décision (comme Sarkozy au début de son mandat). Certes, les actionnaires doivent approuver l’augmentation durant l’assemblée générale obligatoire chaque année, mais on conteste rarement ces petits profits, et, après tout, il n’est pas tout à fait anormal qu’un patron voie son salaire augmenté si les profits de la maison qu’il dirige augmentent aussi. Et qu’il le diminue si les profits baissent, comme l’a fait Bernard Arnault, plus grosse fortune de France, qui a raboté son salaire de 15 % quand le cours de l’action LVMH a baissé de seulement 5 %. Ils sont dix à l’avoir imité. Mais il y a quelques paradoxes.

Le PDG qui s’est accordé l’augmentation (en pourcentage) la plus importante est celui de Sanofi, énorme entreprise qui fabrique des médicaments. Il se nomme Christopher Viehbacher, et si le cours de l’action Sanofi a augmenté de 8 %, lui-même s’est attribué une augmentation de salaire de 16 %. Il gagne donc à présent 8,65 millions d’euros par an, ainsi décomposés : 1,26 million de salaire fixe, 1,7 million de « rémunération variable », et 5,68 millions de stock-options.

Attention, ce n’est pas le patron le mieux payé ! Le record est détenu par les trois présidents d’Accor, société qui fait dans l’hôtellerie au niveau mondial, Sébastien Bazin, Denis Hennequin et Yann Caillière, lesquels empochent à eux trois 9,23 millions d’euros. On ne peut préciser de combien ils se sont augmentés, car ils n’étaient pas là un an plus tôt.

Mais je vous annonçais du pittoresque. Là, honneur à Lakshmi Mittal, le président d’Arcelormittal, dont le cours de l’action n’a pas bougé ; or il n’a pas craint de s’accorder une modeste augmentation de... 28 % ! Il est vrai que M. Mittal a des frais : il s’est acheté la maison la plus chère de Londres, et lorsque sa fille Vanisha s’est mariée avec un banquier en 2004, il a loué pour les festivités les châteaux de Vaux-le-Vicomte ET de Versailles, pour la modique somme de 55 millions d’euros.

Comme disait Orgon à propos de Tarfuffe : « Le pauvre homme ! ».

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

Y
Merci. Corrigé, à présent.
Répondre
T
3ème paragraphe: "augmentation"
Répondre