Racisme anti-Blanc
Observateur inlassable des ridicules de mes contemporains, et même de ceux qui les ont précédés, jamais je ne me lasserai de ce vivier que représente le personnel politique de ce pays. J’admire notamment la gauche pour son aptitude à se réfugier derrière des grands principes – qu’elle piétine dès que ses intérêts sont en jeu.
C’est pourquoi les cris d’orfraie que poussent les gens de gauche, en ce moment, parce que Jean-François Copé sort un livre où il parle du racisme anti-Blanc, me réjouissent. Je sais bien que Copé n’a rien d’un innocent aux blanches mains, et que, dans sa jeunesse, il n’y avait, entre ses idées et celles de l’extrême droite, pas plus que l’épaisseur d’un bulletin de vote. Mais enfin, chère gauche qui nous avez donné Mitterrand et Ségolène Royal, je vous ferai observer que même quelqu’un du camp d’en face n’a pas le monopole de ne dire et de n’écrire que des observations inexactes. Et je soutiens que, si une chose existe, on a le droit d’en parler. Or, pour en parler, il est nécessaire de la nommer.
Donc, puisqu’il est exact que, dans certains quartiers qu’il faut avoir le cran d’appeler « des quartiers pauvres », les résidents qui ne sont pas noirs ou arabes sont méprisés et en butte à l’hostilité d’une population qui ne voit pas plus loin que la propagande la plus primaire, et qu’on les qualifie de « Gaulois » pour bien marquer qu’on souhaiterait les parquer dans un petit village au fin fond de l’Armorique, on est bien obligé de trouver une expression qui désigne cette hostilité.
L’expression racisme anti-Blanc se compose de trois mots. Le premier est d’usage courant, au point qu’on l’applique même à des notions n’ayant rien à voir avec ce qu’on pensait autrefois être la « race » – notion dénuée de toute base scientifique. Il y a ainsi le racisme anti-jeunes, le racisme anti-vieux, voire le racisme anti-riches. Passons, ce n’est pas ce mot qui « pose problème », comme on dit dans les rédactions des journaux branchés. Le second, anti, n’a rien de particulier, ce n’est qu’un simple préfixe. Reste le mot Blanc. Et je crois que le bât blesse à cet endroit, car, s’il est convenu de rebaptiser les Noirs (des Blacks) et les Arabes (des Beurs, voire des Rebeus), il n’existe rien pour rebaptiser les citoyens à la peau qu’on dit blanche (elle ne l’est pas, c’est absurde, les vrais « Blancs » sont albinos, et pour eux, ce trait distinctif n’est pas un cadeau).
Par conséquent, il urge de trouver un terme adéquat. Et tout le monde sera content !
(Vous ne pensiez pas, en commençant la lecture de cette notule, que j’allais proposer une solution, non ? Je me contente, puisque j’ai mauvais fond, de ricaner méchamment sur les travers de l’actualité)