Référent bondissant
Ce n’est pas d’hier que l’Éducation nationale publie des bulletins et notes de service incompréhensibles pour l’instituteur de base auquel d’autres instituteurs de base non moins normaux ont enseigné sa langue maternelle – voire paternelle dans le meilleur des cas. Le but de cette recherche, viser à l’incompréhensibilité, semble motivé par le désir de passer les personnels au crible, histoire de recruter de futurs concepteurs d’autres notes de service et bulletins, et d’ainsi perpétuer la mode au sein de l’administration.
Tâchez de dénicher quelques livres de classe, éventuellement un peu anciens, ayant pour but d’enseigner la grammaire, et vous y trouverez sans doute des perles, tel que ce syntagme nominal, que j’ai bien aimé quand je l’ai découvert (jamais su ce que c’était, et mieux vaut rester dans l’ignorance et conserver ainsi son innocence). En effet, pourquoi laisser au commerce l’exclusivité de clauses de style telles que celle-ci, absolument aauthentique : « La résiliation de votre contrat auprès de votre opérateur prend effet le jour du portage effectif du numéro sans préjudice des dispositions contractuelles relatives aux durées d’engagement. Vous restez tenu de toutes obligations éventuelles qui vous lient à votre opérateur, notamment de tout paiement y afférent éventuellement restant. Enfin, vous êtes informé que la portabilité n’emporte pas transfert des services dont vous bénéficiez au titre du contrat souscrit antérieurement auprès de votre opérateur ». Amen.
Certes, l’Éducation nationale a pour mission d’apprendre aux gosses à lire, écrire, éventuellement parler. Or, vu leur âge tendre et leur tête de bois, on doit parfois éviter de trop sophistiquer le langage. Néanmoins, il faut saluer le petit génie qui a eu l’idée, toujours dans un bulletin OFFICIEL de l’Éducation nationale, de rebaptiser un ballon « le référent bondissant ». Je vous jure que je n’invente rien. Et cessez de bondir, vous aussi.