Rencontres pour un héros
Lisant le Barry Lyndon de Thackeray, je tombe sur une remarque très juste : les auteurs de romans montrent fréquemment leur héros – imaginaire – frayant avec de grands personnages de leur époque, cet artifice devant évidemment corser un peu l’action. Thackeray écrit donc : « S’ils prennent un tambour ou un laquais pour leur héros, [ils] trouvent moyen de le mettre en contact avec les plus grands seigneurs et les plus grandes notoriétés de l’empire ». Je crois me souvenir que Stendhal, au début de La chartreuse de Parme, fait que son Fabrice, qui n’a que dix-sept ans et se trouve par hasard à Waterloo le jour de la bataille, croise un tas de généraux, dont le maréchal Ney, « prince de la Moskova, le brave des braves », et même Napoléon himself, lui dit-on, que, certainement, il n’avait aucune chance de croiser par hasard à cet endroit, s’il n’avait pas été le héros d’un roman !