Roselyne Bachelot en justice ?
D’accord, Roselyne Bachelot, dans le civil, est pharmacienne, elle n’est pas spécialiste du droit commercial. Il n’empêche que ses collègues ministres auraient pu la tuyauter un peu.
Roselyne, s’appuyant sur le principe de précaution, et on ne va pas le lui reprocher, avait commandé, en sa qualité de ministre de la Santé, la bagatelle de 94 millions de doses de vaccins contre la grippe A. Mais l’organisation chargée de vacciner les gens s’est révélée à ce point ubuesque et les directives tellement contradictoires, que l’épidémie a eu le temps de se calmer toute seule avant qu’on ait eu le temps de vacciner ne serait-ce que le dixième de la population.
Saisie d’horreur devant les dépenses inutiles et cet argent perdu (mais pas pour tout le monde), Roselyne a donc décidé d’annuler la commande de 50 millions de doses, commandées mais « ni livrées ni payées ». Et c’est là que le bât blesse. Lorsque vous commandez à un fournisseur une quantité aussi énorme de marchandises, on ne peut exiger de lui qu’il livre la totalité de la commande immédiatement : un industriel n’est pas un magicien, il faut lui laisser le temps de fabriquer les articles commandés. Prendre pour prétexte que la commande n’a pas encore été livrée, et surtout, que vous n’avez pas encore payé, selon la loi, c’est complètement irrégulier. Un peu comme si un locataire cessait de payer son loyer sous prétexte que le propriétaire de son logement n’a pas fait réparer le chauffe-eau de la salle de bains. Et les laboratoires lésés sont tout à fait dans leur droit s’ils traînent en justice le ministre de la Santé.