Saint-Lô jadis rasée... par les États-Unis
Ce matin sur France Inter, dans l’émission On va tous y passer, l’un des invités était Philippe Gloaguen, qui dirige les Guides du Routard, et qui venait parler de son petit dernier, consacré au Débarquement du 6 juin 1944 en Normandie. À cette occasion, il a parlé du bombardement de la ville de Saint-Lô, non pas par les nazis, mais par... l’aviation de nos chers alliés états-uniens, et rapporté que cet acte, tant apprécié de la population locale qui a vu sa ville détruite à 95 % (authentique ! Même Hiroshima et Dresde n’ont pas connu mieux, il faut sans doute remonter à Pompéi pour trouver un ratiboisage aussi efficace), que cet acte, donc, était motivé par le désir d’empêcher l’armée allemande d’utiliser les voies de communication qui lui auraient permis d’approvisionner ses propres troupes.
Exact, mais incomplet. Je connais assez bien Saint-Lô, où j’ai habité, et je peux affirmer que si les services de renseignements de la glorieuse armée yankee, dont on sait combien ils se sont révélés efficaces pour prévenir les Ben Laden’s boys de mettre à bas les deux plus hautes tours de Manhattan, si lesdits services avaient seulement consulté la carte du réseau ferroviaire de la région, ils y auraient constaté que la petite ville de Saint-Lô n’avait rien d’un nœud stratégique, et que, par exemple, pour s’y rendre depuis Paris, il fallait (et il faut toujours) quitter la ligne Paris-Cherbourg et emprunter une ligne locale dans le minuscule village de Lison, à quinze kilomètres au nord-est.
Les États-Unis ont payé la reconstruction de la ville qu’ils avaient fait détruire indûment. Reconstruction faite dans un style uniforme et grisâtre, qui en fait la ville la plus laide et la plus triste de France. Merci, Oncle Sam !