Scandale : Cousteau a raté le Nobel de la paix !
Les Français ont un flair inouï lorsqu’il s’agit de se choisir des idoles. En général, ils les prennent dans l’actualité, sans aucun égard pour le mérite que cela devrait impliquer, on l’a bien vu avec Dany Boon lorsqu’il a sorti son film idiot Bienvenue chez les Ch’tis (cette idiotie a du reste été confirmée solennellement lorsque le président de la République a cru bon de lui donner pour cet exploit la Légion d’Honneur).
L’une des idoles des Français a été longtemps Jacques-Yves Cousteau. Le « commandant » au bonnet rouge a d’ailleurs joui d’une popularité mondiale, qu’il alimentait en déversant sur les chaînes de télévision des dizaines de films fabriqués à cet effet. Peu importe que ce personnage ait un peu piqué à d’autres l’invention du scaphandre autonome, il était célèbre, donc il était vénéré.
Cependant, comme idole, on aurait pu trouver plus sympathique. Ainsi, administrateur de Spirotechnique, une filiale d’Air Liquide, il touchait 5 % de royalties sur le chiffre d’affaires de cette firme florissante... qui équipe une cinquantaine d’armées dans le monde. Une meilleure affaire, en tout cas, que le Centre de Loisirs qui portait son nom, au Forum des Halles de Paris, à l’emplacement où se trouve aujourd’hui le cinéma UGC – centre qui a dû fermer ses portes pour cause de faillite, alors même que la Mairie de Paris ne lui faisait payer aucun loyer. Il est vrai que là, c’était son fils Jean-Michel qui dirigeait. Son père le tenait pour incapable de faire de l’argent, et avait ainsi commenté le bide retentissant dudit Parc Cousteau : « Ce n’est pas l’échec du Parc, c’est celui de mon fils ». Quant à prendre la succession du patriarche défunt, Jean-Michel n’avait rien à espérer, son père avait pris ses dispositions : « J’y ai mis mon veto absolu. Mon fils est charmant, [...] mais il n’est pas capable. [...] Ce n’est pas parce qu’un gosse est né de votre sperme (sic) qu’il a les qualités pour vous remplacer », avait-il déclaré le 20 août 1993 au « Nouvel Économiste ». Charmant.
Par ailleurs, certaines déclarations de lui auraient dû intéresser davantage le public. Comme celle-ci, de 1970 : « Une Terre et une humanité en équilibre, ce serait une population de cent à cinq cent millions de personnes, mais éduquées et capables d’auto-subsistance. Le vieillissement de la population n’est pas le problème. C’est une chose terrible à dire, mais pour stabiliser la population mondiale, nous devons perdre 350 000 personnes par jour. C’est une chose horrible à dire, mais ne rien dire l’est encore plus » (cité par Yves Pacallet en 2006, dans L’humanité disparaîtra, bon débarras !, chez Arthaud). Ces étranges propos auraient pu passer pour une bêtise dite ainsi sans y penser, ou encore pour une plaisanterie de mauvais goût, dans le style du défunt « Hara-Kiri » ou de « Charlie-Hebdo ». Mais non, il les confirma plus tard en ces termes : « C’est pourquoi je ne signe jamais les pétitions pour la faim en Afrique, car c’est une bonne chose » (la faim, pas les pétitions).
Et un homme aussi sympathique n’a pas eu le prix Nobel de la Paix ? C’est scandaleux !