Se mettre en danger
Il y a peu, j’ai rappelé cette manie des acteurs : se plaindre de ce qu’en France, « on aime bien mettre les acteurs dans des cases », et démontré l’absurdité de ces jérémiades.
Or il existe chez ces malheureux persécutés une autre habitude, celle de se vanter constamment de leur goût de « se mettre en danger », habitude que, du reste, Béatrice Dalle, qui n’a pas sa langue dans sa poche, a raillée publiquement. Pas une interview de ces modestes zozos qui ne comporte cette vantardise.
Attention, cela ne signifie pas qu’ils bravent le danger physique, par exemple en exécutant, comme jadis ces acteurs courageux qu’étaient Jean Marais ou Jean-Paul Belmondo, leurs cascades eux-mêmes, au péril de leurs vies. Non. Ce qu’ils signifient par là, c’est le simple fait de jouer un rôle dont ils n’ont pas l’habitude ! Par exemple, vous étiez chanteur ? Eh bien, vous jouez dans un film où vous ne chantez pas. Ou vous étiez un comique, et vous jouez un rôle dramatique (comme Fernandel dans Meurtres). Voire l’inverse. On frémit devant l’audace de ces téméraires.
À la radio et à la télévision, le passeur de plat, qui est souvent Stéphane Bern (lui-même a joué dans une pièce comique, où le seul danger qu’il courait était le risque d’être applaudi en faisant l’andouille, chose qu’il réussit à merveille), le manieur de brosse à reluire, disais-je, ne songera jamais à se payer leur tête et à leur rabaisser un peu le caquet. Il vaut tellement mieux les encourager dans leurs prétentions. Sait-on jamais ? On pourrait l’engager lui aussi pour jouer dans une autre pièce ou un autre film, comme ça se fait couramment.