Secrets d’Histoire : pas sérieux !

Publié le par Yves-André Samère

Pourquoi une émission aussi populaire et de qualité que Secrets d’Histoire fait-elle appel à de pseudo-historiens qui ne font que perpétuer des sottises auxquelles tout le monde croit – justement parce que les radio-télés font mal leur travail ?

Hier soir, dans l’édition consacrée à la maîtresse officielle du roi Charles VII, la célèbre Agnès Sorel, ce fut un festival. Par deux fois, on a entendu la Pucelle d’Orléans qualifiée de « bergère ». Or les historiens sérieux savent parfaitement qu’elle n’a « jamais gardé les bêtes », comme elle-même l’a dit à son procès. Et pourquoi aurait-elle dû le faire ? Son père était le bourgmestre de Domrémy, et il avait pris en location l’un des deux châteaux du patelin. Il avait donc de quoi s’offrir les services d’un ou même plusieurs employés !

Il y eut aussi cette bourde au sujet de la prétendue Marie-Madeleine, que les évangiles ne nomment JAMAIS ainsi. On l’a injustement qualifiée de « femme de petite vertu », et je ne vois pas sur quoi repose cette affirmation. Ou plutôt si, je le vois bien : elle passe très opportunément pour avoir été la compagne, voire l’épouse de Jésus, lequel, en sa qualité de rabbin, pouvait difficilement rester célibataire, mais cette réputation déplaisait souverainement aux autorités vaticanes, et le pape Grégoire le Grand a fait répandre le bruit qu’elle se prostituait, afin de la déconsidérer – on connaît l’hostilité de l’Église et de son créateur-organisateur Saül de Tarse, dit « saint » Paul, envers les femmes en général. Le truc a magnifiquement réussi. En réalité, Marie de Magdala – c’est ainsi qu’on la désigne dans la Bible, sans trop savoir où était Magdala – était une femme aisée, qui possédait sa maison, dans laquelle elle vivait avec sa sœur Marthe et son frère Lazare, le célèbre « ressuscité ». Constamment nommée, elle a été la plus fidèle disciple de Jésus, présente au pied de la croix, et l’une des deux femmes qui, le surlendemain de la crucifixion, s’est rendue au tombeau et y constata l’absence du corps du supplicié, lequel lui apparut un peu plus tard, et bien vivant. Ne le quittant jamais, subventionnant les dépenses du groupe de disciples, où aurait-elle trouvé le temps et l’envie de se prostituer ?

Et puis, il y a cette faute de français sur le genre du mot personne, mais j’en reparlerai ailleurs, car, sur ce point, les historiens de la télé ne sont pas les seuls à commettre la bourde.

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