Sortir de l’euro ? Merci au Front National !

Ce qui est agréable avec le Front National, c’est que l’art de dire n’importe quoi mais avec un aplomb admirable a depuis longtemps atteint des sommets. Le père Le Pen était expert, la fille est en bonne voie de l’égaler – ce qui prouve bien que la notion de dynastie, en politique, est plus que jamais valide.

Ainsi, Marine Le Pen milite en faveur de la sortie de l’euro pour les pays qui ont adopté cette monnaie. Et ce discours porte, car les méfaits supposés de la nouvelle monnaie sautent aux yeux : l’augmentation du coût de la vie n’est pas un mythe, et certains commerçants ont adopté une méthode de conversion franc-euro qui fait l’admiration générale : ce qui autrefois coûtait un franc coûte aujourd’hui un euro, et si vous ne me croyez pas, jetez un coup d’œil chez les marchands de cartes postales dans les quartiers touristiques de Paris !

Or, c’est pénible à écrire, mais les inconvénients certains de l’euro sont largement compensés par la liste de ceux qui nous guetteraient si nous abandonnions cette monnaie !

D’abord, le franc reprenant sa place, nous aurions illico une dévaluation, que les experts évaluent entre 20 et 30 %. Certes, les patrons des firmes exportatrices de nos pays se frotteraient les mains, car ils vendraient de nouveau leurs produits à l’étranger ; mais, inversement, toutes nos importations, notamment celle du pétrole et du gaz, coûteraient désormais beaucoup plus cher, et ce serait la ruine pour les petites et moyennes entreprises qui en ont un besoin vital.

En outre, la France deviendrait incapable d’emprunter des capitaux sur les marchés financiers, à moins de creuser une dette extérieure déjà considérable : rembourser nos dettes en euros ou en dollars avec un franc dévalué deviendrait encore plus difficile qu’aujourd’hui. Quant aux banques françaises, elles n’éviteraient la faillite qu’en faisant grimper le prix de l’argent qu’elles prêtent à leurs clients : encore une belle occasion de ruiner les PME !

Évidemment, devant cette perspective, la célèbre fuite des capitaux reprendrait de plus belle – à supposer qu’elle ait jamais cessé…. Avec cette conséquence qu’elle accentuerait un peu plus la baisse du franc. L’effet boule de neige, lui, n’est pas un mythe…

Le FN réclame aussi le protectionnisme : en clair, taxons fortement les importations pour empêcher ces sales étrangers de nous inonder de leurs produits fabriqués à bon marché (par des enfants, bien entendu, il n’y a que les enfants qui travaillent, chez les étrangers, et les travailleurs adultes, eux, ne nous intéressent pas). Or il faut être bien crédule pour imaginer que, si nous sanctionnons les pays étrangers, ils ne prendront pas de mesures identiques en représailles. Si bien qu’ils refuseront l’accès de leurs marchés (immenses) aux produits français, et nos exportations connaîtront la chute libre. Corollaire : là encore, la ruine des PME françaises. Évidemment, les produits étrangers que nous aurons taxés seront plus chers, et beaucoup de Français ne pourront plus les acheter. Que deviendrons-nous si on nous prive de l’iPad, de l’iPhone et de nos téléviseurs à écran plat, tous ces gadgets étant fabriqués en Asie ?

Panique générale.