Souhaitable mais impraticable
En matière politico-sociale, il y a d’une part ce qui est moral et souhaitable, et d’autre part ce qui est possible et raisonnable, voire rentable. Entre les deux points de vue, un abîme.
Par exemple, l’ISF (Impôt de solidarité sur la fortune) n’a rien d’immoral, et faire participer les plus riches au financement des activités bénéficiant à tous est souhaitable. Mais si la collecte de cet impôt mobilise une armée de fonctionnaires pour ne rapporter que des sommes insignifiantes au regard des efforts qu’elle nécessite, cela devient un simple instrument de propagande, inutile et néfaste – car enfin, cet impôt n’est pas sans effets négatifs, comme la fuite des capitaux qui seraient mieux investis sur le sol national.
Il y a aussi, puisque c’est le sujet du jour, le RSA (Revenu de solidarité active). Il n’est pas immoral d’exiger que les bénéficiaires de cette allocation se voient imposer un minimum d’heures de travail en compensation de cette indemnité que leur verse la collectivité, et toutes les criailleries de la gauche contre cette éventualité ne sont que de la propagande. Mais, en pratique, l’organisation de cette mesure aboutirait à une impossibilité, car le contrôle qu’elle impose est irréalisable, et la seule politique possible consiste à « laisser courir », comme on dit, et à ne pas la faire passer en force, sachant que d’innombrables lois de circonstances ne sont pas appliquées, justement pour cette raison.
Bien entendu, tous ces sujets de polémique fournissent autant d’occasions aux hommes politiques pour se mettre en avant. Et ce n’est plus de la politique, c’est de la com’.