Suicidez-vous jeunes !

Publié le par Yves-André Samère

Vendredi 20 janvier, peu avant 9 heures, avenue du Général-Leclerc (quatorzième arrondissement de Paris), Nadine Morano, célèbre poissonnière devenue ministre d’on ne sait plus trop quoi, se dirige vers l’aéroport militaire de Villacoublay à bord d’une voiture Renault escortée de motards, pour se rendre, selon « Le Canard enchaîné » de ce matin, dans son fief électoral de Toul – et, selon elle, en Moselle, pour un voyage officiel avec le Premier ministre Fillon. Soudain, un étudiant de 28 ans traverse en courant sur un passage protégé, avec sur la tête un casque audio, l’empêchant d’entendre les sirènes du convoi, lequel circule gyrophares allumés, mais... à contre-sens (!). Un motard heurte le jeune homme. Le convoi s’arrête pour lui porter secours, et on l’emporte, dans le coma, vers l’hôpital de la Pitié-Salpétrière.

Nadine Morano a donné ce matin quelques précisions : après être resté deux jours dans le coma, l’étudiant a récupéré, il est sorti ce jour de l’hôpital, où on l’a bien soigné (ben oui, la Pitié-Salpétrière, c’est l’un des meilleurs hôpitaux de France).

Note : en 1995, Chirac avait décrété que les sirènes et les gyrophares seraient supprimés, et que les voitures des ministres devraient s’arrêter aux feux rouges. Mais la mesure, comme tout ce qui relève de la com’, n’avait été appliquée que durant quelques semaines avant de tomber dans un oubli total. Pour preuve, au début du mandat de Sarkozy, Fillon lui-même avait grillé... treize feux rouges en quelques semaines. Faites-en autant, on verra les suites. Fillon est moins dangereux quand il prend l’avion pour se rendre en week-end chez lui, dans la Sarthe (une petite heure en train).

Cela dit, et sans nier les abus de nos Excellences qui appliquent à la lettre le principe sacré « Faites ce que je dis... » (complétez vous-mêmes), il faut dire que l’accidenté n’est pas tout à fait innocent de ce qui lui est arrivé. Lorsque je me suis installé à Paris, j’avais été assez frappé de constater le nombre de crétins qui se précipitaient dans la circulation des grandes artères, à n’importe quel endroit, à n’importe quel moment, et de préférence avec un walkman sur la tête ou un téléphone collé sur les oreilles, braillant dans leur gadget au milieu des voitures : étonnez-vous, après cela, de ne pas les entendre arriver.

Mais, contrairement à ce qui a court dans certains pays, le suicide, chez nous, n’est pas puni de prison.

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