« Super-chiant »
L’expression qui me sert de titre exceptionnellement n’est pas de mon vocabulaire usuel, mais je suis bien obligé de la citer pour dire que je commence à en avoir jusque par-dessus la tête de la voir et de l’entendre employer, sans cesse et partout, y compris par des gens qui, naguère, n’auraient jamais dépassé le cap du Diantre !, du Palsambleu ! ou du Ventre-saint-gris ! Comme quoi, non seulement on s’habitue à tout, mais surtout au pire.
La dernière fois que cette banale insanité, à laquelle je reproche davantage sa banalité que sa grossièreté, a souillé mes yeux et mes oreilles, c’était dans la bande-annonce du film 18 ans ou presque. Et ce qui hier était mortellement ennuyeux est donc aujourd’hui devenu super-chiant, si bien que, je n’en doute pas, le dictionnaire Robert, qui valide tout ce qui traîne, va s’empresser, dès l’an prochain, de l’inclure dans ses annuelles roberteries.
Mais, comme je le laissais entendre en commençant, ils ne m’auront pas, y compris à l’usure. Et la prochaine fois que je me taperai sur les doigts avec un marteau (aucune chance, je ne bricole en aucun cas, je n’ai pas hérité du génie de mon seul frère : lui, vous lui donnez la cabane au fond du jardin de Francis Cabrel, il vous la transforme en deux mois en château de Vaux-le-Vicomte), la prochaine fois, donc, je ne m’écrierai pas « Nom de Dieu de putain de bordel de merde de foutu marteau de mes couilles ! », mais je laisserai comme toujours échapper un Aïe ! de bon ton, voire un Ouille ! si je suis en verve et désire une rime à l’expression que je viens de citer – en rougissant d’avoir pu taper une telle horreur sur mon clavier, qui n’en a jamais tant vu.
(Je sais, je sais, il m’arrive, trois ou quatre fois par an, de caser ici mon inusable slogan « Les cons disent incontournable ». J’avoue, je vais trop loin : incontournable, c’est réellement obscène)