Sur France 2, « La loi »

Publié le par Yves-André Samère

Ne chipotons pas, le titre de ce téléfilm diffusé hier soir par France 2, La loi, avait, certes, déjà été utilisé par Jules Dassin en 1959 pour un film avec Gina Lollobrigida, mais il n’y avait aucun risque de confusion entre la belle Italienne et Simone Veil. On y racontait, pour commémorer le vote de la loi sur l’autorisation de l’avortement, rebaptisé IVG (Interruption volontaire de grossesse, on aime les complications, chez nous), comment celle qui fut ministre de la santé du gouvernement Chirac, la première année du septennat de Giscard, dut batailler pour faire adopter cette loi par l’Assemblée nationale.

Ce ne fut pas facile, et voici quelques-uns des obstacles à franchir.

D’abord, ce gouvernement de droite voulait faire adopter une mesure de gauche, ce qui fut sur plusieurs points le désir de Giscard la première année, et pas le seul. Ensuite, il fallut faire taire Françoise Giroud, secrétaire d’État à la Condition féminine, qui effarouchait tout le monde en soutenant le projet comme la corde soutient le pendu : en axant toutes ses déclarations sur la liberté, pour les femmes, de disposer de leur corps comme elles l’entendaient. Ce n’était pas sot, mais l’argument tombait mal, car le féminisme n’avait pas la cote en 1974, et Simone Veil entendait demeurer sur le terrain de la santé, trop de malheureuses perdant alors la vie en voulant avorter dans les pires conditions. Par chance, à droite, Chirac et Giscard la soutenaient. Ensuite, il fallait obtenir que l’Église catholique, à défaut d’approuver le projet de loi, veuille bien ne pas s’y opposer franchement, et il fallut, pour cela, promettre de ne pas obliger les médecins à faire des avortements. Enfin, pour convaincre les centristes, jurer à leur chef de file, Claudius-Petit, qu’on ne ferait pas rembourser l’opération par la Sécurité sociale.

Contre toute attente, car les oppositions étaient vives et les arguments des opposants frôlaient la bassesse (on a traité Simone Veil de nazie, elle qui avait connu les camps de concentration !), la loi fut finalement votée en novembre 1974, et promulguée en janvier suivant.

Le téléfilm était conçu intelligemment, si on veut bien passer sur quelques maladresses dans le dialogue dont je parlerai dans une autre notule, et très bien interprété, avec, au premier plan, Emmanuelle Devos et Loránt Deutsch. Si vous l’avez raté, vous pouvez le télécharger en utilisant Captvty, comme je le conseille quand ça en vaut la peine.

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

D
Déjà que l'autorisation de la pilule avait suscité des commentaires odieux, alors l'avortement... le débat féministe n'était pas de mise avec le droit de disposer de son corps pour une femme, ce<br /> qui aurait mis le feu aux poudres, et S. Veil a eu l'intelligence de centrer le débat sur la santé publique. Ne pas oublier que 300 femmes mouraient par an (presque une par jour !) d'un avortement<br /> clandestin, sans parler des mutilations entraînant une stérilité.<br /> Seules les plus riches pouvaient se faire avorter à l'étranger.
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