Sur France 2, « Le clan Chirac »

Publié le par Yves-André Samère

On espère que Charles Berling a touché un gros cachet, pour avoir accepté de servir de porte-coton dans le commentaire qu’on lui a donné à lire, hier soir, dans ce documentaire de France 2, Le clan Chirac – film que tous les myopes des médias, une foule immense, ont encensé. Désolé, messieurs-dames, j’ai un avis légèrement différent.

À voir les longs développements à propos de Laurence, la fille aînée des Chirac, atteinte de cette mystérieuse maladie appelée « anorexie mentale », et qui a fait au moins deux tentatives de suicide, il était évident que les auteurs de ce film cherchaient à dédouaner la famille Chirac en jouant sur la corde sensible. En revanche, les pieuses omissions ont été nombreuses. En voici quelques-unes, et j’ai du mal à croire que c’est un effet du hasard.

Pas un mot sur les emplois fictifs quand Chirac était maire de Paris – délit pour lequel la justice l’a condamné après bien des années. Sur le budget de la mairie, donc avec l’argent des Parisiens qui étaient loin d’être tous chiraquiens, on payait des personnes qui ne travaillaient PAS à l’Hôtel de Ville, mais uniquement pour l’homme Chirac, en campagne électorale permanente pour la future élection présidentielle. Pas un mot non plus sur les 4000 francs personnels et quotidiens de « frais de bouche » des Chirac sur toute la durée de leur séjour dans ce palais. Pas un mot sur le fait que, élu à la Présidence de la République, Chirac persista pendant un an à loger à l’Hôtel de Ville, beaucoup plus vaste que le logement de fonction de l’Élysée, au grand dam de Tiberi, obligé de rester chez lui, place du Panthéon, en attendant de pouvoir occuper l’appartement de fonction du maire (1050 mètres carrés – et pas 1500, comme a prétendu le commentaire).

Pas un mot sur le château de Bity, acheté pour 20 000 francs le 3 mars 1969 par le couple, et qui fut classé monument historique un mois plus tard exactement, ce qui permit d’en faire désormais payer les frais d’entretien par l’État (il vaut aujourd’hui 500 000 euros). Chirac eut le front de déclarer publiquement que c’était un petit château avec « seulement huit fenêtres » (j’en ai compté seize sur la seule façade, sans compter les diverses lucarnes, ni celles des deux maisons annexes). Pas un mot sur le fait que la route d’où l’on a vue sur le château est fermée à la circulation alors que les Chirac n’y vont jamais, et que ladite route est gardée en permanence par quarante gendarmes, pour lesquels il a fallu construire une caserne. Pas un mot non plus sur ce que Chirac continue de coûter à l’État, et dont vous lirez le détail ICI.

Pas un mot sur la brouille avec les hommes politiques qui l’avaient soutenu, tels Pasqua et Séguin. Pas un mot sur le soutien en sous-main à Mitterrand pour sa campagne électorale de 1981 (Pasqua avait fait fabriquer des autocollants représentant des diamants, qu’on collait sur les affiches de Giscard à l’emplacement des yeux). Pas un mot sur le fait qu’il a laissé condamner à sa place Alain Juppé et Michel Roussin.

Pas un mot sur la reprise des essais nucléaires pour le cinquantième anniversaire du bombardement d’Hiroshima.

Pas un mot sur sa tirade visant « le bruit et l’odeur » émanant des immigrés dans le dix-huitième arrondissement de Paris. Et j’en oublie.

Consolation : on a savouré la courte séquence où Chirac, en visite à Mantes-la-Jolie, est accueilli par les cris des jeunes de l’endroit, « Chirac voleur ! », très audibles, et qu’il fait mine de ne pas entendre. On a eu au moins quelques secondes qui ne relevaient pas de la brosse à reluire.

(Cette notule est trop longue. Je m’occuperai de Bernadette Chirac dans un autre texte. Sa  morgue et sa méchanceté méritent un traitement spécial)

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

Y
Cette mention des frais de bouche dans l’émission, qui ne m’a pas échappé, est une imposture. Elle revient à dire « Nous en avons parlé, donc nous avons fait notre travail ». Or,<br /> mentionner ce fait sans fournir les données chiffrées, cela revient à mentionner la bataille de Verdun sans préciser qu’elle a fait plus trois cent mille morts.<br /> <br /> On le savait bien, que les Chirac mangeaient. Mais le scandale était de dépenser pour ça 4000 francs par jour. Les Chirac sont restés dix-huit ans à l’Hôtel de Ville. Facture : plus de vingt-huit<br /> millions de francs !
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D
Bernadette mérite en effet une chronique à part. Connaissant les us et coutumes du milieu dont elle est issue, il y a de quoi dire. Entre la messe, le thé, le bridge, les cancans, le maintien du<br /> statut social, les principes avalés sans remise en question, l'ostracisme, la rapacité, pfouh. Rien que d'y penser je fatigue.
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J
Une fois n'est pas coutume, j'ai regardé France 2. Concernant les frais de bouche, ils ont quand même été mentionnés. Sans chiffres, certes.
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