Thierry Roland

Publié le par Yves-André Samère

N’ayant jamais assisté à un match de football, jamais suivi une seule retransmission à la radio ou à la télévision, j’ignore tout, en principe, de Thierry Roland et de ses activités professionnelles. Et pourtant, j’ai l’impression de savoir tout de lui, qui est mort hier matin. C’est qu’on parlait beaucoup de Thierry Roland.

Naguère, on faisait ce qu’il fallait pour le rendre antipathique, mais c’était trop. À tel point que cela le rendait, au contraire, intéressant. Les êtres qui se voient taxer de racisme, notamment, et par des imbéciles incapables de ne pas rester à la surface des choses, infoutus de creuser un peu et de dénicher la cause de ce qu’ils voient et entendent, ces êtres-là, surtout s’ils ne démentent ni ne protestent, vous forcent à vous poser quelques questions. Et, si l’on creuse un peu, on découvre qu’ils sont fréquemment le contraire de ce qu’on disait d’eux.

Mon opinion est qu’il est impossible de rester raciste, à supposer qu’on l’ait été, dès lors qu’on rencontre beaucoup de gens différents et qu’on a voyagé un peu – ce qui est bel et bien le cas de l’homme qui nous occupe ici. De véritables racistes, j’en ai connu, et tous avaient en commun d’être à la fois stupides et incultes, et, vivant en vase clos, de n’être jamais sortis de leur milieu étroit et homogène. Le racisme prospère mal au soleil et au grand air, et crève de sa belle mort dès qu’il y a un peu de mouvement. Parce qu’alors s’impose l’évidence qu’être différent, ce n’est pas être inférieur. Le monde du sport, qui était celui de Thierry Roland, est loin ces conditions.

Vous objecterez peut-être que les Jeunesses hitlériennes cultivaient bien le racisme, alors que ses membres vivaient, eux, au grand air et faisait beaucoup de sport. Mais il y avait par-dessus tout cela une idéologie. C’est-à-dire une construction intellectuelle, bâtie sur des préjugés – imposés, de surcroît, par un gourou qui, lui, répondait aux conditions que j’indiquais plus haut.

Pour en finir avec Thierry Roland, je constate que tous ceux qui l’ont rencontré personnellement n’en disaient que du bien, estimaient cet homme sympathique, bienveillant envers les jeunes et les débutants, et ne tenaient pas pour péchés mortels ses prétendus dérapages verbaux, dont il s’excusait volontiers après coup. Et, sur le plan personnel, je lui suis reconnaissant de cette trouvaille sémantique dont je me ressers de temps à autre : « fauché comme un lapin en plein vol ». Ça, c’est du style !

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