Transfert de technologie
Les Français ont inventé le cinéma, tout le monde sait ça. Or, non seulement ils ont inventé le cinéma, mais ils ont aussi inventé les gags pour aller avec.
Fort de cette avance, l’industrie du gag s’est étendue à tous les domaines, y compris gouvernementaux. Et c’est ainsi qu’on a imaginé cette merveille de bon sens, le summum du gag : le transfert de technologie.
Passons sur le vocabulaire, et sur cette bourde semblant ne gêner personne (pas même Alain Rey) qui consiste à croire que le mot technologie signifie « technique » – alors qu’il désigne l’étude des techniques : dans les lycées et collèges, le cours de technologie est celui dans lequel les élèves étudient les diverses techniques. Passons, et allons au fait, via un exemple.
La France décroche une affaire dans le domaine du commerce international : elle réussit à signer un « fabuleux contrat » (variante : le « contrat du siècle ») avec un pays asiatique. Disons la Corée du Sud, juste pour fixer les idées, à laquelle nous vendons un TGV. Or les Asiatiques ne se contentent pas d’être énigmatiques, ils sont aussi fourbes. Par conséquent, ils posent leurs conditions, parmi lesquelles figure le fameux transfert de technologie. Dans la pratique, cela signifie ceci : on vous achète votre TGV, mais vous mettez dans la corbeille vos secrets de fabrication ! Et, le couteau sur la gorge, la France accepte. Elle fait mieux qu’accepter, elle s’en vante ensuite.
Résultat : nous avons fourgué un TGV, un seul ! à la Corée du Sud, qui, ensuite, va s’empresser d’un fabriquer des dizaines, qu’elle va vendre aux autres pays, à un prix que cette fabrication en série permet de rendre modique. Et c’est ainsi que nous ne fabriquons plus rien, donc ne vendons plus rien : nous avons transféré !
Cocorico, nous sommes les champions.