Triste sort des mots arabes
C’est horripilant d’entendre sans cesse dire « UN taliban ». Cette sottise ne prouve qu’une chose : que les journalistes ne vérifient jamais leurs informations et se copient les uns les autres. Que diraient-ils si un étranger disait « UN chevaux » ou « UN travaux » ?
Le nom arabe taliban est un pluriel. Aucune ambigüité là-dessus. Le singulier est taleb, qui désigne un étudiant, ou un chercheur, ou un instituteur – en gros, « celui qui sait ».
Notez que la même bourde se vérifie avec « UN moudjahidine ». Là encore, c’est un pluriel, celui de moudjahid, qui désigne un combattant en général, et un militant parfois. En remontant plus haut, au temps de la guerre d’Algérie, on disait fréquemment « UN fellagha », et là encore, ce mot est le pluriel de fellag (péjoratif, tout comme pied-noir pour les Français d’Algérie), mot arabe qui désignait un partisan engagé dans la lutte armée contre la France. Idem avec fedayin, pluriel de feday, qui en est une sorte de synonyme en plus noble, mais appliqué aux guerres du Moyen-Orient.
Mais cela ne fait qu’un petit demi-siècle que ces crétineries durent. Patience, on ne va pas tarder, en France, à connaître quelques mots d’origine arabe. Pour l’espagnol, on y a renoncé puisque tout le monde ou presque prononce « passio » pour patio, ou « pladza » pour plaza.
Et puis, chacun croit savoir l’anglais, mais le contraire se vérifie chaque jour. Écoutez ces zozos parler du méridien de Grinouitche ou du jeu vidéo Ton braille d’ère ! Désopilant.