Trois trous de mémoire par an

Si certains font rire les masses, je m’applique de mon côté à les éduquer, comme vous pouvez le constater ici, chaque jour ou presque. Par conséquent, il est de mon devoir de vous informer à propos d’un phénomène curieux : le peuple français, et plus particulièrement le peuple médiatique (les journalistes, quoi), perd la mémoire trois fois par an. Et aujourd’hui, lundi de Pentecôte, se présente l’occasion de le vérifier.

En effet, le 1^er novembre et les lendemains de Pâques et de la Pentecôte semblent provoquer chez nos concitoyens cette confusion de calendrier dont je doute fort qu’elle apparaisse dans les autres pays. Le 1^er novembre, pour les catholiques, est une fête joyeuse, celle de tous les saints, la Toussaint. Or les médias ne manquent jamais de nous présenter cette fête comme « le jour des morts », celui où les familles se rendent au cimetière afin de nettoyer et fleurir la tombe de leurs chers disparus (sauf en ce qui concerne celle de Pierre Desproges, dont j’ai souvent constaté que la veuve et les filles ne prennent jamais la peine d’aller y donner un coup de balai ou y déposer quelques fleurs, et j’y vais sans doute plus fréquemment qu’elles). Bref, la fête devient un jour de deuil. (Ce jour des morts existe bien, mais c’est le lendemain)

Pâques et la Pentecôte, c’est spécial : comme ces deux fêtes catholiques tombent toujours un dimanche, les travailleuzeu-zet-les-travailleurs n’ont jamais avalé cette avanie d’un jour de fête qui s’obstine à survenir un jour où, déjà, ils ne travaillent pas. Un jour de congé qui échappe au peuple qui « bosse » (pour parler comme dans les films), c’est un scandale. Et, devant le mécontentement général, le gouvernement français a dû créer articiellement un jour chômé le lendemain de ces fêtes, sans aucune justification religieuse – vous pouvez le vérifier en allant jetant un coup d’œil dans les églises ce jour-là, elles sont dans leur état normal, c’est-à-dire aussi désertes que le reste du temps.

Vous me direz que tout le monde n’est pas allé au catéchisme, et que la majorité des Français croient de bonne foi que ces deux lundis sont en effet des fêtes chrétiennes. Certes, certes. Mais enfin, la chose est précisée sur les calendriers, qui sont tous fondés sur les traditions catholiques.

De là je conclus que les possesseurs de calendriers ne savent pas lire non plus. Heureusement, c’est moins grave que d’avoir oublié ses cours de catéchisme.