« UMPS » ?
Je n’ai rien contre le fait qu’on invente des néologismes, surtout s’ils sont spirituels (ou s’ils comblent un vide, mais c’est rare). Ainsi, j’aimais beaucoup que San-Antonio écrive qu’à l’horizon de son héros, les ennuis s’accumoncelaient. C’était drôle et inventif, et on n’avait pas forcément honte de s’en servir.
Mais le plus souvent, l’invention est lourde, et le martèlement de son auteur, fatigant. Jadis, dans « Le Canard enchaîné », Yvan Audouard, qui était un écrivain à succès et qui tenait la rubrique de la télévision après avoir occupé celle de la littérature, avait tenté d’imposer le terme fenestron pour désigner les écrans de télé, en remplacement de l’expression étranges lucarnes qu’avait imaginée André Ribaud pour sa rubrique « La Cour » (pastiche de Saint-Simon pour décrire les courtisans qui gravitaient autour de De Gaulle). Or Audouard avait fait un bide, et personne, hormis lui-même, n’a jamais employé en ce sens le mot fenestron !
Aujourd’hui, c’est Marine Le Pen qui s’y met, avec autant de succès. Il n’a pas pu vous échapper qu’elle utilisait sans arrêt l’acronyme « UMPS », amalgame de ceux qu’emploient les deux partis qu’elle déteste, le PS et l’UMP, et qui n’a pour but que de tenter de les assimiler l’un à l’autre auprès de l’opinion publique. Or ladite opinion publique n’est pas si bête, et ce martèlement, de la part de la fille Le Pen, n’a pas plus de succès : elle est la seule, avec ses partisans, à l’employer, avec une insistance qui ne lui vaut pas seulement des sympathies, car cela renforce cette évidence : que le Front national est un parti de charlatans.