Un dictionnaire « incontournable »
Traînant la semaine dernière mes guêtres à la FNAC, où je vais deux fois par semaine dilapider la fortune familiale acquise par mes ancêtres entre 1942 et 1944, je suis tombé en arrêt devant une pile de dictionnaires Robert, et, la soif de savoir me poussant, j’en ai feuilleté un exemplaire, ce que de ma vie je n’avais jamais fait. J’ai donc cherché l’adjectif incontournable, qui est un de mes mots favoris, vous le savez sans doute.
J’y ai lu ceci, et rien d’autre : « incontournable – qu’on ne peut pas éviter ».
C’est bizarre. Moi, une chose qu’on ne peut pas éviter, je l’aurais qualifiée d’inévitable. Mais c’est mon drame : bien que lecteur assidu des meilleurs auteurs (Marc Levy, Guillaume Musso, Christian Jacq, Katherine Pancol, Barbara Cartland, Mary Higgins Clark) et abonné aux meilleurs journaux (« Paris-Turf », « Closer », « L’Équipe »), je ne parviens pas à faire mieux que baragouiner péniblement ma langue maternelle, et n’égalerai jamais, je le sens bien, l’immense culture des personnels de radio-télés qui déversent dans nos oreilles notre pain quotidien intellectuel. Et avouez que déverser du pain dans des oreilles, c’est un exploit.
Pourtant, ce sont bien ces phares de la culture qui parlent d’une politique incontournable (bêtement, j’aurais en effet prétendu qu’elle était inévitable), d’une recette de cuisine incontournable (toujours aussi bêtement, j’aurais avancé qu’elle était digne d’être essayée, voire adoptée) ou d’un acteur incontournable (de plus en plus bêtement, j’aurais écrit qu’on avait plaisir à le voir jouer).
Mais c’est ainsi, je suis incurable.