Un remède anti-« Voilà ! »
Je viens de faire ma petite virée à la FNAC, balade quasi hebdomadaire qui me promène aux rayons des vidéos et des livres. Sans aucune intention, je précise, d’acheter quoi que ce soit, ce qui serait téméraire en cette période : une heure d’attente aux caisses, merci !
Là, je suis tombé en arrêt sur un petit livre de Frédéric Pommier qui prend pour cible ces mots et expressions à la mords-moi-l’œil (je suis pudique, vous le savez), livre dont malheureusement je n’ai pas retenu le titre. Bien sûr, j’ai illico bondi à la table des matières pour y dénicher le chapitre – dont j’étais certain qu’il existerait – sur les maniaques du « Voilà ! ».
Pommier en pense à peu près ce qu’en pense tout être normal, donc la même chose que votre (très humble) serviteur : que cette manie est une maladie. Mentale, certes, mais surtout contagieuse, en dépit du fait qu’il n’existe aucun agent de contamination matériel : tout se fait de bouche à oreille, comme la calomnie et les histoires drôles. Lui l’appelle voilàte, je préfère pour ma part voilàïte, c’est plus médical : méningite, appendicite, arthrite, bronchite, phlébite… Or, si j’épingle depuis longtemps Marie Colmant au nombre des plus atteints, à raison d’un « Voilà ! » toutes les cinq secondes en moyenne, l’auteur, qui n’est pas la moitié d’une tranche de cake, atomise Pascale Clark, dont il cite une phrase recelant, au bas mot, une quinzaine de « Voilà ! ».
Charitable (un autre trait de caractère que je partage avec lui), il propose deux remèdes, dont le premier, hélas, m’a semblé difficilement applicable : histoire de faire prendre conscience de leur maladie aux patients, si l’on est en contact avec eux, les devancer en insérant un « Maréchal nous » avant chaque « Voilà ! ». Convenez que cela exige, de la part du praticien, autant de prescience que de rapidité, or tout le monde ne possède pas ces qualités. Pas moi en tout cas, c’est pourquoi je me rallie au second procédé, consistant à faire suivre chaque « Voilà ! » d’un spirituel « du boudin », qui est à votre portée même si vous n’êtes pas un ancien légionnaire.
Je vais essayer dès lundi avec Marie Colmant. C’est promis, je compte m’inscrire pour assister à l’émission de cette pauvre Isabelle Giordano Les affranchis. Il y a longtemps que je ne me suis pas pointé à France Inter. Ils doivent se demander si je les snobe.