Un « scoop » pas très au « Point » !
« Le Point » n’est pas un mauvais journal, mais il est comme tous les journaux, il souffre de la même maladie, il est à l’affût du scoop. Et ça peut faire des ravages.
La semaine dernière, l’un de ses journalistes, Jean-Michel Décugis, a cru en dénicher un, de scoop : il voulait faire une enquête, évidemment en banlieue, sur les femmes de polygames, un phénomène qui gangrène évidemment nos quartiers difficiles. Or il n’en connaissait aucune, de ces dames. Cruelle lacune.
Par chance, un de ses indicateurs l’a mis en contact avec une femme dans cette situation et acceptant de lui parler. Mais elle refusait de le rencontrer, et l’interview devait se faire par téléphone. Decugis accepte, fait l’interview de la femme, qui prétend se prénommer Bintou, et il publie son article, en n’oubliant pas de faire une description de son interlocutrice... qu’il n’a pas vue, mentionnant notamment son « joli visage légèrement scarifié ».
Tout va bien, l’article paraît. Mais, patatras, il s’agissait d’un canular, et la fille était un garçon, Abdel, qui avait pris une voix de fausset et lui avait balancé au téléphone une tonne de niaiseries, histoire de se payer la tête des journalistes qui racontent n’importe quoi sur les banlieues – sans doute pour ne pas faire de peine au ministre de l’Intérieur, qui a tendance en ce moment à jeter de l’huile sur le feu, et voyez Vigipirate version rouge. Le canular est dénoncé par lui-même, Abdel donc, et « Le Point », ridiculisé, est obligé de faire des excuses.
L’histoire a une suite. Le garçon envoie un message électronique à Daniel Schneidermann, qui a créé le site Arrêt sur images après son éviction de France 5. Schneidermann le reçoit vendredi matin et décide de le faire passer sur le plateau, où on l’assoit à la droite de... Didier Porte, qui y fait sa chronique hebdomadaire (impossible de le mettre à la gauche de Porte, c’est inconcevable qu’il existe quelqu’un plus à gauche).
Et voilà comment vous pouvez voir le joyeux plaisantin, qui n’en espérait pas tant, sur la dernière vidéo de Porte. Dans son article, Schneidermann, qui donne beaucoup dans l’enthousiasme (« Je suis fier de l’avoir rencontré »), est sur la même page. Ne me remerciez pas, je ne travaille pas au « Point ».
(Quelque chose me dit que Denisot va l’inviter demain au Grand Journal)