Une lettre de Liliane Bettencourt

Publié le par Yves-André Samère

Chers Yas-blogueurs,

Croyez-moi ou allez vous faire peindre en vert, comme disait San-Antonio, mais les fondations, les holdings, et tout ce qui s’ensuit, c’est comme la langue d’Ésope : la meilleure et la pire des choses. Non, je ne vous parle pas des fondations sur lesquelles sont bâties mes diverses propriétés, mais de celles que l’on crée pour faire quelques économies fiscales. C’est la coutume aux États-Unis, mais ça existe chez nous, et j’ai voulu en profiter, avec des résultats mitigés.

La meilleure des choses, oui, avec ce holding que j’ai créé et baptisé Téthys, comme la déesse marine des Grecs (pas Thétis, la mère d’Achille !). Son fonctionnement est d’une simplicité évangélique, pour causer comme Bonaldi. C’est Téthys qui encaisse les dividendes qui me reviennent de L’Oréal, la société de cosmétiques héritée de mon père. Et vu que L’Oréal a déjà payé l’impôt sur cet argent (280 millions d’euros en dividendes l’année dernière), il n’est plus imposable quand il arrive chez Téthys. Normal. Là dessus, étant donné qu’il me faut un peu de menue monnaie pour acheter ma baguette de pain quotidienne, voire une bague à 400 000 euros (baguette-bague, vous voyez que j’ai conservé le sens de l’humour, à mon âge, grâce à François-Marie), je retire ce dont j’ai besoin sur mon compte courant chez Téthys. Et comme, aux yeux du fisc, c’est là mon seul revenu, je ne suis imposée que sur les sommes que je retire : 145 petits millions, toujours l’année dernière, avouez que je suis économe. Bref, en 2009, et compte tenu de quelques abattements et remboursements au titre du bouclier fiscal de mon ami Nicolas, je n’ai été imposée que sur 80 millions et n’ai payé que 25 millions. Faites le calcul : 25 millions sur 280 millions de dividendes, cela représente 8,93 % d’impôts sur le revenu ! Vive Téthys, mon holding pas si dingue.

La pire des choses, avec mon île d’Arros, aux Seychelles. Je l’avais achetée avec mon mari André en 1997, pour 18 millions de dollars – une misère – à un neveu du défunt shah d’Iran, représenté par une société, Arros Development Ltd, à laquelle nous avons continué de verser un loyer annuel de 1,6 million d’euros pour la faire entretenir. Mais j’ai eu la mauvaise idée de vouloir la faire classer au patrimoine mondial établi par l’UNESCO, et je me suis adressée à deux avocats, suisse et français, qui ont créé une fondation privée au Liechtenstein. Boulette : désormais, mon île ne m’appartenait plus en droit, elle appartenait à la fondation ! Mieux, mes deux honnêtes avocats se sont bombardés président et protecteur de la fondation et m’ont réclamé 20 millions, que je leur ai bêtement donnés. Forts de cela, ils sont ainsi, de fait, propriétaires de mon île et à la tête d’une somme rondelette. Je peux encore y aller, sur mon île, mais pas la vendre – elle vaut à présent 30 millions de dollars –, ni la léguer à mes héritiers.

Voilà ce que c’est que d’être une faible femme ignorante des affaires : je me suis fait rouler. Pourvu que ma fille n’en sache rien ! Elle en profiterait, la chipie.

 

Votre amie,

Liliane

(p.c.c. Yves-André Samère)

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L
<br /> Chère LILIane je vous conseille de déclarer votre île : principauté d'Arros et de permettre l'ouverture de casinos, de recevoir la maffia et d'y ouvrir une blanchisserie.Vous pourrez également<br /> donner l'asile politique aux tyrans divers et vendre des passeports et des timbres...Je vous garantis de rentrer dans vos frais rapidement.Une devise : par ce que je le vaux bien... mais en latin !<br /> <br /> <br />
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