VALC : « impacter »

Publié le par Yves-André Samère

Rappelons que VALC désigne le vocabulaire à la con...

Bref, un truc qui commence à me gonfler, c’est l’emploi de plus en plus fréquent du verbe impacter, qu’entre hier et aujourd’hui j’ai entendu au moins une demi-douzaine de fois. Au contraire de la manie habituelle, celle qui consiste à laisser tomber les verbes et les adjectifs pour n’employer que des noms (c’est très anglo-saxon, et c’est bien en anglais que les noms servent d’adjectifs, comme dans « a Steven Spielberg film »), là, on est parti d’un nom, impact, pour fabriquer un verbe qui n’existait pas, impacter – un peu comme ces gens qui parlent de galérer, autre verbe qui n’existe pas.

Inutile de dire que cette manie est récente. Ce verbe est en fait lui aussi un anglicisme, et signifie tout bêtement concerner ou toucher. Puis la dérive habituelle a fait qu’on emploie désormais son participe passé impacté au sens passif : concerné, subissant des répercussions à cause de... Exactement ce qui se passe avec démarrer et débuter : une voiture qui est « démarrée » (sic), une carrière qui est « débutée » (resic).

Comme presque toujours, l’origine de ce néologisme vient du monde des entreprises et surtout des affaires, et l’on entend souvent que tel chiffre d’affaires a été impacté par... ce que vous voudrez. Inutile de dire que ce mot est inutile – tout autant que le redoutable incontournable –, et employé par des gens qui veulent faire de l’esbrouffe et avoir l’air initié, en jargonnant (je pense à un autre mot, opportunité, remplaçant occasion parce que ce dernier, trop simple, présente l’inconvénient d’être compris par tous).

Le verbe impacter, et son participe passé impacté, faut-il le préciser, ne sont dans aucun dictionnaire. Mais je vous parie qu’ils vont entrer assez vite dans le Robert ! En fait, les bons dictionnaires n’admettent le nom impact qu’au sens propre, comme dans « l’impact d’une balle ».

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