Vive Göring !
Que mon titre ne vous fasse pas sursauter, je ne suis pas passé dans le camp néo-nazi ! Le Göring dont il est question ici n’est pas le maréchal obèse qui aimait tant le regretté Adolf, autrement dit Hermann. Non, c’est son frère cadet, Albert Göring. Et le dossier de cet Albert est à l’étude en Israël, au Mémorial de l’Holocauste, en vue de faire de lui un « Juste parmi les justes », expression réservée à ceux qui ont sauvé des Juifs pendant la guerre.
Même physiquement, Albert ne ressemblait pas à son frère, il était mince, élégant, séduisant quoique discret, et... il ne se droguait pas à la morphine ! Dès le début du nazisme, il s’est exilé à Vienne, a pris la nationalité autrichienne, et mentionnait « ce salopard d’Hitler », ajoutant « Je crache sur Hitler, je crache sur mon frère et sur tout le régime nazi ».
Après l’Anschluss de 1938, il s’oppose aux S.S. pour sauver une vieille dame juive : les S.S. n’osent pas malmener le frère du puissant maréchal Göring. Il répond aux « Heil... » des fonctionnaires nazis par un « Lèche-moi le cul » du plus bel effet, et organise la fabrication de faux-papiers et de sauf-conduits pour les persécutés. Chaque fois qu’on l’interpelle, il montre ses papiers, et les S.S. tournent les talons : même brouillé avec son frère, même après qu’il eut imité son papier à en-tête (il signait « Göring » en omettant le prénom !), celui-ci ne le laissera jamais tomber.
Paradoxalement, c’est la fin de la guerre qui lui valut des ennuis : l’armée des États-Unis l’arrête à cause de son nom (toujours futés, les boys de l’oncle Sam), car on le croit complice des nazis, et il est incarcéré non loin de son frère, qui le disculpera lors du procès. Mais on ne le croit toujours pas, et il restera un an de plus en prison, puis il sera transféré à Prague pour un an de rab. On le libère en 1947, il va s’installer à Munich, ne revendique rien, ne retrouve jamais d’emploi, est quitté par sa femme, et meurt dans la misère et l’alcoolisme, en 1966.
Beau conte de fées.