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Publié le par Yves-André Samère

Autrefois, la Poste, c’était les PTT (Poste, Télégraphe, Téléphone, pour les gens qui débarquent). Ça fonctionnait bien, un peu comme la SNCF (les trains, pour les gens qui viennent de la planète Mars), et on y avait la garantie de l’emploi puisque ses employés étaient fonctionnaires : mon père y est entré à dix-sept ans et a fait toute sa carrière dans les téléphones.

La Poste distribuait le courrier : lettres, colis, mandats. En gros, une lettre postée en France métropolitaine arrivait le lendemain chez son destinataire. Et ne se perdait quasiment jamais ! De nos jours, même les mandats sont perdus, et il faut deux ans pour récupérer son argent… Je n’invente rien, ça m’est arrivé, et j’ai dû faire appel au Médiateur pour être remboursé, vu que la Poste elle-même ne répondait ni à mes lettres (elles se perdaient ?) ni à mes appels téléphoniques. Deux ans.

Puis les génies qui nous gouvernent ont trouvé que tout ce fonctionnement impeccable était anormal : ils avaient dû voir Le guépard, et, l’ayant mal compris, en avaient conclu qu’il fallait que tout change pour que tout reste comme avant. Le changement fut foudroyant : les facteurs ont cessé de délivrer les lettres recommandées, de sorte que désormais vous êtes priés d’aller chercher vos LR au bureau de poste ; le traitement des colis a été fourgué à des centres de tris dont on vous cache l’adresse réelle ainsi que le numéro de téléphone ; et, bien entendu, le téléphone a été vendu à une société qui est rapidement devenue privée, France Télécom. Vous savez bien, celle où l’on pratique la « culture » (comme il faut dire aujourd’hui) du suicide par défenestration.

Et les annuaires téléphoniques, qu’autrefois la Poste vous fournissait gratuitement une fois par an ? Vendus eux aussi, mais pas à France Télécom, c’eût été trop logique. On les a donc refilés à une autre société privée, Pages Jaunes. Laquelle, évidemment, ne vous les livre plus à domicile et gratuitement. Je viens de constater la dernière trouvaille de l’éditeur des annuaires, en traînant mes guêtres rue Quincampoix : le livreur place quelques annuaires dans un sac en plastique, puis… suspend le sac au bouton de porte de l’immeuble ! Normal, il ne peut plus y entrer, vu que la plupart des immeubles en ville sont devenus des forteresses. Un de ces jours, on nous les enverra en fichiers PDF par courrier électronique, et on nous demandera de les imprimer nous-mêmes.

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