Les instruments à vent
On imagine volontiers que les instruments à vent ont été inventés avant les instruments à corde, et que, probablement, le premier instrument à vent a été... la propre bouche d’un homme préhistorique. Car enfin, il savait sans doute siffler, et avait dû prendre conscience qu’il n’obtenait un sifflement qu’en déformant ses lèvres et en plaçant sa langue de telle ou telle façon ; ce qui a dû lui donner l’idée de l’anche. Ensuite, il a pu prendre conscience, en soufflant dans des roseaux de diverses longueurs, qu’il obtenait des sons différents. La flûte ainsi obtenue était facile à fabriquer, alors que, pour fabriquer un instrument à corde, tout une mécanique était nécessaire (comparez une flûte et une guitare).
Le premier instrument de musique que j’ai possédé était un de ces pipeaux simplistes, vendus pour pas cher dans les magasins de musique, en plastique et avec six trous, beaucoup plus simple à utiliser que la fameuse flûte à bec qu’on imposa longtemps aux enfants des écoles. Il donnait les sept notes de la gamme, et, en soufflant plus fort, on montait d’une octave ! Les demi-tons s’obtenaient en bouchant à moitié le dernier trou. C’était rudimentaire, mais on comprenait ce qu’on faisait : plus la colonne d’air était longue, plus le son était grave... Et on ne dépassait pas les deux octaves.
Mais tous les instruments à vent ne sont pas aussi simples. Le problème étant de produire des colonnes d’air de longueurs différentes, il n’existe que deux solutions : soit utiliser plusieurs tubes, soit faire varier la longueur de la colonne d’air à l’intérieur d’un même tube – la matière dont le tuyau est fait étant secondaire. La première solution est appliquée dans l’orgue, qui peut avoir des centaines de tubes, huit mille pour celui de l’église Saint-Eustache, près de chez moi, et c’est le record de France. De ces tuyaux, vous ne voyez que les plus longs, donnant les notes les plus graves, alors qu’il en possède de minuscules, jusqu’à un pied de longueur, produisant les notes les plus aigües. C’est l’instrument ayant l’étendue la plus large, et aucun autre instrument ne peut descendre aussi bas qu’un orgue, le record dans le grave étant de 8,25 Hz, totalement inaudible, avec une longueur de 64 pieds (plus de 19 mètres). Naturellement, pas question de souffler pour alimenter les tuyaux en air, c’est une soufflerie qui s’en charge.
La seconde solution consiste à faire varier artificiellement la longueur de la colonne d’air qui sera émise, et la plus évidente est adoptée dans le trombone à coulisses. Cette coulisse est un tube en forme de U très long, actionné à la main (un tromboniste n’utilise pas du tout ses doigts), qui, euh... coulisse dans le tube principal, et, selon qu’elle est plus ou moins enfoncée, la longueur du trajet de l’air qui y circule varie, donc la note aussi, au point de pouvoir jouer des notes intermédiaires entre les notes « officielles » de la gamme, ce qui est impossible avec les autres instruments : sur un piano, il n’y a rien entre le si et le do le plus proche. Mais il existe aussi des instruments dont le tube est enroulé (trompette et cor d’harmonie), où des pistons ouvrent ou bouchent des passages de communications entre les spires, permettant de régler, là encore, la longueur de la colonne d’air.
Autres instruments à vent, classés en cuivres ou bois : le cor d’harmonie, le saxophone, la clarinette, le tuba, le hautbois, les diverses flûtes, la contrebasse (il y a aussi une contrebasse à cordes), ainsi que l’harmonica et l’accordéon, etc. Au total, une bonne centaine. Sans oublier les avertisseurs des anciennes voitures, que George Gershwin a utilisé dans sa Rapsodie in blue ! Il en emploie quatre,
notés taxi-horns de a à d, et les inscrit sur la portée des cymbales.