Méfiez-vous des gens normaux !

Publié le par Yves-André Samère

... Ou qu’on croyait normaux !

Depuis quelques années, le phénomène est devenu évident : beaucoup de faits-divers basés sur des massacres inexplicables sont le fait d’individus dont, après coup, chacun s’accorde à dire que c’étaient des garçons (presque pas de filles dans le lot) paisibles, gentils, sympathiques, sans histoires, ayant de bonnes relations avec leur famille et leurs camarades, et auxquels on aurait donné le Bon Dieu sans confession. La liste serait trop longue et impossible à établir de manière exhaustive, mais, en s’en tenant aux dernières années, voici deux ou trois exemples.

En août 2009, près d’Ajaccio, Andy, garçon de seize ans, présenté comme un bon élève, sportif et sans problèmes, tue par balles ses parents et ses deux frères, jumeaux âgés de dix ans. Il n’a rien pu expliquer, le reste de sa famille non plus, et les psychiatres, pas davantage. Le tribunal l’a jugé « coupable mais irresponsable » (c’est le contraire de Georgina Dufoix) et ne l’a pas envoyé en prison. Il avait pourtant préparé son meurtre : gants en latex, volets fermés, fusil rechargé…

Le 18 décembre dernier, à Skhour Rhamna, dans la région de Marrakech, un jeune homme d’une vingtaine d’années a tué cinq membres de sa famille : sa mère, deux de ses frères, sa belle-sœur et le fils de celle-ci ; et il a blessé grièvement son troisième frère. On n’a pas encore trouvé pourquoi.

En janvier de cette année, à Casablanca, un jeune homme a tué ses quatre sœurs et un autre membre de sa famille. Cette fois, il y a un motif – si l’on peut dire, quand on sait que le Maroc est un paradis de la drogue (on cultive le haschich dans les propriétés du roi, qui en tire une partie de ses revenus) : il avait été expulsé de chez lui car il était drogué. Revenu at home demander de l’argent pour acheter de quoi planer, ce qui lui a été refusé, il a mis le feu à la maison, tué à coups de hache cinq membres du clan, et blessé le reste des occupants. Un autre, à Aïn Beïda, en Algérie, en septembre 2013, a tué ses deux frères, sa mère et ses deux sœurs, avant de se suicider en se jetant sous un camion. On ne connaît pas les causes de ce carnage.

En août 2013, à São Paulo (Brésil), un garçon de treize ans, Marcelo, a tué ses parents, sa grand-mère et sa grand-tante. Puis il s’est rendu tranquillement dans son collège, où il a suivi une journée de cours comme si de rien n’était. Il a ensuite été reconduit chez lui par le père d’un camarade de classe, qui ne s’est aperçu de rien. Une fois seul, il s’est suicidé d’une balle dans la tempe gauche. Ses deux parents étaient policiers.

En août dernier, un jeune Belge de quatorze ans a tué sa mère, avec laquelle il était en vacances, dans la résidence secondaire de la famille, Wissant. Aucun détail n’a filtré.

En août 2008, Nathaniel Dickson, âgé de 18 ans, fut accusé des meurtres de quatre membres de sa famille, à Easley, en Caroline du Sud. Il aurait tué par balles son père, sa belle-mère, son frère et sa demi-sœur. Le jeune frère de quatorze ans a tenté de se cacher dans la maison, avant d’être retrouvé et abattu. Aucun mobile connu.

Et inutile que je vous rappelle le massacre du lycée de Columbine, en 1991, fait-divers sanglant ayant causé treize victimes, et dont Michael Moore s’est inspiré pour son film, Bowling for Columbine, qui attaquait la vente libre des armes à feu aux États-Unis.

Chaque fois, la même absence d’explication : les meurtriers étaient indécelables par avance. Tous très convenables. On a fini par en tirer un roman, We need to talk about Kevin (en français, « Il faut qu’on parle de Kevin »), de la romancière Lionel Shriver, dont la photographe Lynne Ramsay a tiré en 2011 un film du même titre. Là, le jeune Kevin, qui n’a pas encore seize ans et donc échappera à la peine la plus lourde, tue son père et sa petite sœur, avant d’aller massacrer ses camarades de lycée, avec... un arc et des flèches ! Le roman était bon ; le film, contestable.

La morale de cette série d’histoires ? Aucune, sinon qu’on ferait aussi bien de ne jamais approcher des gens trop normaux. Après tout, les Allemands qui ont élu Hitler en 1933 étaient des citoyens normaux. Et ceux qui, chez nous, votent pour le Front National, tout autant.

Publié dans Curiosités, Cinéma

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K
C'est le signe évident du retour de l'anté-christ ! La fin est proche, repentez-vous, et envoyez moi vos économies pour que je puisse combattre les démons. En vérité, je vous le dis : envoyez l'artiche .
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Y
Il faut d’abord que j’aille faire une petite visite à ma tante Liliane !