Collection de perles au Grand Journal
Ce doit être embêtant, pour un animateur de télé, de recruter un invité sur son curriculum vitae, et de découvrir, une fois que l’invité est présent sur le plateau de son émission, qu’on a fait venir un imbécile. Il n’y a plus qu’à tenter de tempérer ses propos.
Ce soir, au Grand Journal, on devait disserter sur les persécutions des chrétiens dans divers pays. Or l’un des deux invités, un prêtre catholique exerçant à Versailles, s’est excité au point de condamner la RATP, qui avait voulu interdire une affiche lançant un appel à la solidarité envers les « chrétiens d’Afrique » – la RATP a changé d’avis ensuite, mais il n’en a pas soufflé mot –, puis il a clamé que ces persécutions causaient « des millions de morts », et enfin, que tout cela était « un génocide ».
Heureusement, il n’y avait pas que des idiots sur le plateau. Près de lui, un journaliste a rectifié : il n’y avait eu au Kenya que cent cinquante morts, et un philosophe a défini le terme de « génocide », qui a une tout autre signification : le massacre délibéré d’une population entière. Ce qui n’a jamais eu lieu au cours de ce siècle, puisque seuls les nazis ont tenté de le faire, or ça ne date pas d’hier.
Heureusement, le Ciel aussi veillait, et les micros de Canal Plus sont tombés en panne. Si bien qu’on n’a pas entendu la suite de la conversation ! C’est providentiel, ces pannes, elles reposent nos oreilles.
Avec cela, deux bévues : Jamel Debbouze vient présenter son film qui sort après-demain, et qu’il a intitulé Pourquoi j’ai pas mangé mon père. Or lui-même et les honnêtes gens qui lui ont passé la brosse à reluire n’ont pas soufflé mot sur le fait que cette histoire venait d’un livre de Roy Lewis, que j’ai lu, Pourquoi j’ai mangé mon père (en français, car le titre anglais était The evolution man, mais le roman a été publié pour la première fois en 1960 sous le titre What we did to Father). Et puis, autre bourde, le clown maigrichon qui fait chroniqueur littéraire dans l’émission a déclaré que Cheetah, le singe qui figure dans les films de Tarzan, n’avait existé qu’au cinéma, mais ne se trouvait jamais dans les romans d’Edgar Rice Burroughs. Tu parles, Charles ! Je connais ces livres mieux que ce chroniqueur littéraire, puisque j’en ai lu une bonne dizaine, et le chimpanzé est constamment présent aux côtés de Tarzan. Simplement, il ne s’appelle pas Cheetah, mais Nkima. Tout comme le fils de Tarzan ne se prénomme pas Boy (sic), mais John, comme son père John Clayton, qui est aussi Lord Greystoke. Et toc ! Dans les livres, il revit en Afrique l’aventure de son père, se fait surnommer Korak, et se marie, toujours en Afrique, à l’âge de dix-neuf ans. Ne cherchez pas ces péripéties dans les films hollywoodiens, elles n’ont jamais été filmées, et probablement pas lues par les scénaristes.