Préservons les bonnes émissions

Publié le par Yves-André Samère

Alors que, depuis presque deux semaines, la grève de « certaines organisations syndicales » (sic, selon le communiqué sans cesse ressassé à l’antenne) paralyse Radio France, deux ou trois auditeurs s’étonnent : comment se fait-il qu’une émission aussi médiocre que La bande originale ne passe jamais à la trappe ? Tous les jours à onze heures, imperturbablement – sauf le vendredi 27 mars – elle revient comme le Phénix renaissait de ses cendres.

Rappelons aux voyageurs de l’espace récemment rentrés de la planète Mars que La bande originale est pilotée mollement par Nagui, animateur de télé depuis au moins trois siècles, et dont la contribution à cette émission de radio se répartit en trois volets : 1. il parle de lui ; 2. il a trouvé génial d’inventer une rubrique intitulée Je n’oublierai jamais, où il pose chaque jour à l’invité les mêmes quatre questions (Je n’oublierai jamais dans ma chambre d’enfant... ; à l’école ; mon premier baiser ; mon premier sentiment de liberté) ; 3. à midi dix, il s’éclipse pour aller faire sur France 2 une émission de télévision, et se fait remplacer par un sous-fifre. Ce qui est une innovation dans l’histoire de la radio.

L’autre tare de cette émission ne lui appartient pas en propre, puisqu’elle sévit sur la plupart des radios et télévisions. Elle consiste à n’inviter que, les jours pairs, un acteur, et les jours impairs, un cuisinier. Ainsi, hier, l’invité était Thierry Marx, et aujourd’hui, ce sera Guillaume Gallienne – difficile à éviter, puisqu’il a sa propre émission sur France Inter (où lui-même avait invité, un certain samedi, Jean-Luc Hees, ancien PDG de Radio France). Une autre semaine, on alternera entre Pierre Niney et Alain Ducasse, ou entre Alain Darmon et Joël Robuchon. À moins que le sélectionneur hésite entre Kad Merad et Gérard Vié.

Le serpent qui se mord la queue, vous connaissez ?

Mais revenons à la question par laquelle je commençais : pourquoi l’émission de Nagui n’est-elle pas touchée par la grève ? Les techniciens sont-ils des « jaunes » ? Des admirateurs du petit foutriquet Gallet ? Des gens de droite ? C’est plus simple : on a envoyé au charbon des employés en CDD (contrat à durée « déterminée », façon de dire qu’elle n’est pas durable, cette durée), qui sont comme l’oiseau sur la branche. De sorte que, s’ils font mine de ne pas aller au travail, on peut les virer sans préavis du jour au lendemain. Alors, bien sûr, ils se taisent et ils vont travailler.

(Pardon, je manque à tous mes devoirs : ils vont BOSSER)

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