Le Grand Journal, nouveau « Titanic »
Hier, le Grand Journal, sur Canal Plus, a touché le fond. Comme on dit, s’il continue de creuser, il va trouver du pétrole. Il est d’ailleurs question, à la rentrée prochaine, de le raboter encore un peu, et d’augmenter la durée du Petit Journal. Si les pontes de la chaîne pouvaient se résoudre à faire sauter la dernière partie, où une armée de pseudo-artistes viennent faire leur publicité sous les applaudissements inexplicables d’un public rendu idiot par le conditionnement des chauffeurs de salle, ce ne serait pas plus mal.
Donc, hier, un pseudo-chanteur se produisait à partir de huit heures et quart, et Antoine De Caunes avait annoncé que sa chanson aurait un effet hypnotique sur le public, qui ne pourrait alors s’empêcher de danser, en toute inconscience. C’était d’autant plus invraisemblable qu’il avait eu la bêtise de laisser échapper qu’on avait vérifié cela... à la répétition !
Là dessus se pointe le chanteur, dont vous m’excuserez de ne pas vous donner le nom, car je n’ai pas pris la peine de le noter. Imaginez un zozo avec un pantalon trop court et un anneau dans le nez, comme une vache ou un ours, et ânonnant une mélodie sans intérêt, mais qui produisit l’effet annoncé : deux ou trois spectateurs se levèrent et commencèrent à se dandiner gauchement, tandis qu’une dame âgée, vêtue d’un pull jaune, se roulait par terre. J’espère qu’elle a été payée grassement pour s’être ridiculisée. Pour bien faire, deux des animateurs, cette fille dont la dentition évoque un décapsuleur, qui parle de musique et dont je ne connais pas non plus le nom, et le clown qui se fait passer pour un critique littéraire, se tortillaient eux aussi à la table des animateurs. Par chance, Jean-Michel Aphatie n’était pas resté. Le reste du public, qui ne bronchait pas, se demandait visiblement si on ne se fichait pas de lui (la réponse est oui).
Il faut être très sévère envers des gens qui touchent un salaire imposant pour leurs impostures. Notamment Augustin Trapenard, qui déshonore la littérature par son comportement. Dire que naguère, il y avait à sa place un véritable connaisseur des livres et de leurs auteurs, Ollivier Pourriol ! Mais, trop sérieux sans doute, et trop compétent, il déplaisait à Michel Denisot, qui a tout fait pour le dégoûter de ce travail. On a fini par mettre fin à son contrat, et on a trouvé un pitre pour le remplacer.
En somme, c’est comme à la tête de l’État.