Caprice d’un dieu

Publié le par Yves-André Samère

Nous n’avons pas eu le Messie, mais on a maintenant un Messier-2. Mais si ! Vous n’avez tout de même pas oublié Jean-Marie Messier-Moi-Même-Maître du Monde ! Ce sinistre individu et glorieux imbécile bouffi de vanité s’était emparé d’une société qui s’était couverte de gloire dans des affaires véreuses, la Société Générale des Eaux, l’avait rebaptisée Vivendi, et, faisant comme si elle était devenu sa propriété personnelle, avait lancé avec ses capitaux une campagne de rachat d’autres firmes, dont Canal Plus et... Universal. Mais oui, les célèbres studios hollywoodiens qui produisent Spielberg et dont Hitchcock était actionnaire. Naturellement, il s’était ramassé lamentablement, et s’était fait éjecter, mais il avait eu le temps de faire des dégâts, par exemple en coupant la tête des dirigeants de Canal Plus, Pierre Lescure et Alain De Greef, qui vient de mourir.

Donc, Bolloré. C’est lui, le nouveau Messier, et il est aussi calé en télévision que son lointain prédécesseur. Pour ne rien arranger, il est à peu près aussi joyeux qu’un banquet de notaires, et il ne supporte pas la dérision, surtout quand elle le vise. Si bien qu’il a décidé de supprimer les Guignols, ou, devant la levée de boucliers (pétition ICI), de réduire leurs cinq passages hebdomadaires à un seul. C’est vachement judicieux, attendu que les Guignols sont connus pour leur réactivité, et qu’ils traitent toujours de l’actualité de la journée. Reportez ça au dimanche ou à tout autre jour, et ce sera du réchauffé, donc ils perdront de leur intérêt, et les téléspectateurs qui les suivent ne tarderont pas à boycotter Canal Plus (j’en connais).

Naturellement, on n’a pas manqué d’insinuer que Sarkozy était là-dessous, vu que Bolloré est l’un de ses amis richissimes (rappelez-vous ce petit séjour sur le yacht de Bolloré, au large de Malte, juste après son élection en 2007). Sarkozy a démenti en jurant qu’il adorait la dérision en général et les Guignols en particulier – il doit être ravi, par conséquent, de lire et d’entendre si souvent que « Oui, Sarkozy a bien changé : il est pire qu’avant »). Du reste, tous les politiques, qui ne sont pas forcément idiots, ont dit la même chose, avec cette sincérité qui est leur marque de fabrique. Mais enfin, ils préfèrent qu’on se moque d’eux, plutôt que de rester ignorés. Sachant surtout que les sarcasmes des Guignols leur ont plutôt rendu service ! Voyez Chirac, qualifié pendant des mois de « Super-Menteur » avant sa réélection de 2002, et que cela a rendu populaire. Paris vaut bien une messe. À plus forte raison, quelques quolibets. Jamais le soutien de la télé, contrairement à ce qu’on croit, n’est parvenu à faire élire un président de la République, je le rappellerai en détail dans une autre notule, si Dieu le veut.

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