Omar Sharif, acteur

Publié le par Yves-André Samère

Ce matin, on annonçait la mort, survenue hier au Caire par crise cardiaque, d’Omar Sharif, à l’âge de 83 ans. Il était atteint depuis 2012 de la maladie d’Alzheimer. Je connais un de ses amis, qui tient un petit restaurant à Paris, près de la Place de la République, et qui m’a montré des photos où on les voit ensemble, beaucoup plus jeunes. Il faut dire que beaucoup d’Égyptiens sont très attachés à la France et sont francophones, alors que, généralement, ils détestent les Anglais.

Omar ne se prénommait pas Omar, il avait choisi ce prénom parce que c’est le seul qui est familier aux États-Uniens – à cause du général Omar Bradley, très lié au général Patton durant la Deuxième guerre mondiale. En fait, il se prénommait... Michel ! Son nom complet était Michel Demitri Shalhoub, et il n’était pas non plus né musulman, puisque né dans une famille chrétienne. Ses parents se prénommaient Joseph et Claire, étaient d’origine libanaise et syrienne, et ils étaient catholiques. Et, avant de se lancer dans le cinéma, bien qu’ayant fait des études de mathématiques et de physique, son but était bien de faire carrière dans le cinéma.

Avant de devenir une vedette internationale (il parlait couramment l’arabe, l’anglais, l’italien, l’espagnol, le grec, et bien sûr le français), ses activités cinématographiques se bornaient à l’Égypte, puisqu’il était né à Alexandrie. Et son premier film, en 1954, fut The blazing Sun (en français, Ciel d’enfer), septième film de Youssef Chahine, autre Égyptien catholique (il s’appelait Gabriel Youssef Chahine, et se mère était grecque), dont il devint l’ami – tous deux étaient nés dans la même ville. Dans ce film, la vraie vedette était sa partenaire Faten Hamama, son seul amour, a-t-il dit, avec laquelle il se maria l’année suivante, et, pour cela, il se convertit à l’islam – ce qui n’eut qu’un temps – en même temps qu’il adoptait son pseudonyme arabe. En mars 1957, ils ont eu un enfant, Tarek, qui joua son fils en 1965 dans Le docteur Jivago. Puis ils divorcèrent en 1974. Lui ne s’est jamais remarié ; elle, qui avait déjà été mariée et prit ensuite un troisième mari, est morte le 17 janvier de cette année.

Les deux films les plus connus d’Omar Sharif sont Lawrence d’Arabie, de David Lean, en 1962, et Le docteur Jivago, du même réalisateur mais beaucoup moins bon, en 1965. Pour ces deux films, il fut payé 8000 livres sterling, mais empocha... 400 000 livres pour Mayerling, de Terence Young, en 1968. Les deux premiers ont fait de lui une vedette internationale, mais il ne s’est pas contenté de cette carrière paisible, car il s’était pris de passion pour le jeu, principalement le bridge, pour lequel, à partir de 1960, il devint un joueur aussi célèbre que l’acteur, au point, durant les deux décennies suivantes, d’abandonner ou de faire repousser le tournage de plusieurs films, d’écrire plusieurs livres sur ce thème, et de tenir une rubrique sur ce jeu dans le « Chicago Tribune ». Il y perdit des fortunes, évidemment. Il finit par comprendre et annoncer, en 2006, qu’il renonçait à toute passion, bridge, chevaux, jeu, en dehors de son travail et de sa famille.

En 1976, il publia en France son autobiographie, L’éternel masculin, joua plusieurs fois au théâtre en Angleterre, et il est revenu au cinéma en 2003, pour un rôle d’épicier arabe dans Monsieur Ibrahim, réalisé par François Dupeyron d’après un roman d’Éric-Emmanuel Schmitt. Ce qui lui valut un César. Il était temps...

Terminons avec une citation, après qu’il fut passé en justice pour violence à agent sur un policier de Pontoise, à la suite d’une altercation avec un croupier dans un casino : « Cela a fait de moi un héros pour la France entière. Donner un coup de boule à un flic est le rêve de chaque Français » ! Verdict : un mois de prison avec sursis, 2400 euros d’amende, et 470 euros de dommages au policier.

Son petit-fils porte le même nom, il fait du cinéma et de la télévision, et parle lui aussi l’anglais, le français, l’hébreu, l’arabe, l’espagnol et le yiddish, possède plusieurs diplômes universitaires, et a fait de la pub pour Calvin Klein et Coca-Cola !

 

(NB : ce modeste article ne contient aucune trace de Wikipédia)

Écrire ci-dessous une ânerie quelconque :

D
Ma cousine a gagné des géraniums lors d'un concours de bridge. Je me demande si elle n'est pas sur la pente fatale de l'enfer du jeu.<br /> Omar Sharif me fait trop penser à Brassens (la moustache ?) pour que je puisse avoir un avis sur lui. Pas plus que je ne le vois en séducteur (la moustache ?).
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Y
Autrefois, représentait les traîtres affublés d’une moustache.