Déboulonnons : Dieu (2)
Avant-hier, dans une notule qui a dû passionner les foules, je parlais de la dualité de Dieu. En langage clair, les trois religions dites « du Livre » – judaïsme, chrétienté et islam dans l’ordre chronologique d’apparition – nous jurent qu’il n’existe qu’un seul Dieu, le même pour les trois, avec des vedettes communes comme Abraham. Or les êtres humains qui savent lire, surtout s’ils ont des notions d’hébreu et ne font pas facilement confiance aux professionnels de la religion, savent fort bien que la Bible, dans les traductions courantes, est honteusement truquée, et que le premier verset du premier chapitre ne dit pas « Au commencement, Dieu créa les cieux et la Terre » : ça, c’est bon pour les enfants ou les adultes crédules, décidés à tout croire dès lors que cela les rassure.
En fait, ce terme, « Dieu », est une convention traduisant (mal) le mot Elohim, qui s’écrit אלוהים en hébreu, et qui est... un pluriel, celui de Eloha, en hébreu אלוה ! En français, on ne le trouve que dans une seule traduction publiée en 1956, celle d’Édouard Dhorme (1881-1966), prêtre qui avait cessé de croire et que le pape Pie XI a excommunié ! Cette traduction est dans la Pléiade. Si vous êtes sceptique à propos de ce mot qu’on entend rarement – et jamais dans les églises –, écoutez donc ce texte lu en hébreu. À la quatorzième seconde vous l’entendrez distinctement, répété à la seconde 26, et je vous épargne les autres occurrences ! À l’occasion, Elohim est traduit par l’Éternel, ou le Très-Haut, mais c’est toujours le même personnage, ou plutôt, le même groupe de personnages, dont on ne saura jamais combien ils sont. Mais ce qui est certain, c’est qu’en d’autres passages de la Bible, et constamment dans le Nouveau testament où cette fois c’est Jésus qui parle, on emploie le terme Yahweh, qu’en hébreu on écrit יהוה, ou YHWH en caractères latins, en omettant les voyelles comme on le fait en arabe dialectal, et qui dérive du verbe être parce que Dieu se serait adressé à Moïse la première fois en disant simplement « Je suis ». Il est d’ailleurs interdit de le prononcer... comme ce fut le cas pour le pseudo du chanteur Prince il y a un quart de siècle !
Or ce Yahweh, parfois appelé Jéhovah, ne ressemble pas du tout au « Très-Haut » de l’Ancien testament, qui est colérique, vindicatif, avide, inconstant (il change souvent d’avis et même se repent d’avoir fait telle ou telle atrocité !), mesquin jusqu’au ridicule, ignorant (il croit que le lièvre est un ruminant, et la chauve-souris, un oiseau) et profondément injuste puisqu’il punit des innocents.
Ce n’est pas fini, j’écrirai la suite un autre jour.