Les privatisations en Allemagne

Publié le par Yves-André Samère

L’Allemagne est considérée comme un pays où la réussite en économie n’est pas un songe creux. Sa situation était catastrophique il y a une décennie environ, mais elle a redressé sa situation, au point d’éclipser tous les autres pays européens, et d’être vue comme un but pour les miséreux du Tiers-Monde qui s’y précipitent en masse. De sorte qu’Angela Merkel, sa chancelière, n’est pas seulement regardée comme une sainte par les réfugiés du Moyen-Orient, c’est aussi la déesse de la réussite pour les Européens.

Or le pays a connu aussi quelques bavures ; par exemple avec la privatisation de la Deutsche Post, l’équivalent de notre Poste, en 1998. Le gouvernement avait eu l’idée de lui créer, non pas un concurrent, mais deux ! Ainsi naquirent la TNT-Post et PIN-Group, ainsi que des centaines de petites entreprises. Le but visé était de générer 46 000 nouveaux emplois, rien que ça. Or PIN-Group finit par ne plus être rentable, et dut licencier la moitié de ses employés, puis rechercher un repreneur.

La privatisation, incomplète, fit que 90 % du courrier continua de passer par l’opérateur historique, mais celui-ci fut obligé de licencier une partie de ses employés, et leur nombre fut divisé par deux en dix ans. Quant au nombre des guichets, de trente mille, il tomba à douze mille, et ils furent remplacés par... des magasins Aldi (la famille Albrecht qui les possédaient a longtemps été considérée, avec la famille Schwartz qui possédait les magasins Lidl, comme la plus grosse fortune d’Allemagne, mais les deux sont à présent dépassés par les héritiers de BMW), ou, tout bêtement, par le boulanger ou l’épicier du quartier !

Depuis, la Deutsche Post s’est diversifiée. Elle a fait l’acquisition de nombreuses sociétés à travers le monde. Et si le courrier ne représente plus que 20 % de son chiffre d’affaires, ses bénéfices ont gonflé jusqu’à 4,2 milliards d’euros. Néanmoins, toute cette concurrence n’a pas profité aux utilisateurs – ceux qu’en France on appelle « les usagers » –, et le timbre allemand est le plus cher d’Europe. Quant au salaire plancher, il est de 9,8 euros de l’heure, et la Deutsche Post n’a pas pu trop diminuer ceux qu’elle verse, mais, dans les pays étrangers qu’elle dessert, elle les a baissés autant qu’elle a pu, si bien qu’aux Pays-Bas, les siens sont de 66 % inférieurs aux salaires de la poste locale.

En somme, on trinque un peu partout.

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