Gastro(nomie)

Publié le par Yves-André Samère

Dans la petite liste des choses que j’évite, je n’ai pas détaillé beaucoup le paragraphe sur la nourriture. J’avais peut-être honte de devoir en dire si peu, alors que vos tables, ce soir surtout, vont se trouver embouteillées d’un tas de mets que vous feindrez d’estimer délicieux, voire « incontournables », comme on dit quand on s’exprime selon le goût du jour, qui est des plus fins lui aussi.

Je ne suis sans doute pas le premier à me méfier de la gastronomie. Roger Peyrefitte, qui n’écrivait pas que des âneries et des potins de bas étage, a dit une fois que la gastronomie avait tué davantage de gens que la Première guerre mondiale (je ne garantis pas la citation, mais c’était dans cet esprit), et je ne suis pas loin de penser, comme nos grands-mères, qu’on creuse sa tombe avec ses dents. Pour ma part, je n’entre dans un restaurant que si je suis accompagné d’un ami (ou d’une amie, n’étant pas sectaire), et je commande n’importe quoi, attendu que je me fiche bien de ce qui aboutira dans mon assiette ; et de toute façon, vu la mode, elle sera presque vide. L’assiette, pas la mode. Quoique.

En fait, je n’ai jamais mangé dans un grand restaurant, sauf une fois. J’avais dix ans, et j’avais été invité avec un camarade, dont le père nous avait fait les honneurs de l’Hôtel Albert-Ier, à Alger. La seule occasion pour moi de manger des cuisses de grenouille, plat dont je n’ai pas gardé le moindre souvenir. À d’autres moments, j’ai aussi mangé de la baleine et de la cervelle de dromadaire. Et, dans mon enfance au bord de la mer et en bordure d’une forêt, la langouste et le sanglier étaient quasiment des plats de pauvre. Rien que de la banalité, en somme.

Pour dire la vérité, après avoir banni presque complètement la viande car je crains les représailles de la part des animaux qui finiront bien par se rebeller, je ne mange guère que des légumes, desquels je pense qu’on n’a rien à craindre. Mais cela ne me gêne pas du tout de manger la même chose tous les jours, et je vous rappelle qu’en Afrique et en Asie, les populations ne se nourrissent guère que de riz, or elles ne s’en plaignent pas.

Bref, les émissions de télé où l’on ne parle que de cuisine n’ont pas ma clientèle.

Publié dans Humour, Mœurs, Santé

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